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bien haut qu’il en est partisan. Le croira qui voudra. Aux yeux de ceux qui ne le croient pas, c’est une singulière manière de faire l’éducation de l’esprit public que de l’entretenir dans l’espérance et l’attente de ce qu’on sait être une chimère dangereuse. Comment s’étonner après cela si l’imagination populaire, trompée, abusée, égarée, devient de plus en plus exigeante, et finit par imposer aux législateurs ahuris l’exécution de promesses qu’ils ont si souvent renouvelées, et qu’ils renouvellent encore au moment même où ils s’efforcent d’y échapper ? C’est là que nous en sommes en ce moment.

Puisque nous avons parlé de la loi sur les associations, nous n’en dirons qu’un mot, pour exposer dans quelles conditions le Sénat commence en ce moment même à la discuter. On avait cru que ce serait partie remise après les vacances ; mais la commission a expédié si rapidement son travail, qu’au bout de quelques jours et presque de quelques heures, elle avait terminé sa tâche. S’est-elle du moins contentée de reproduire tel quel le texte voté par la Chambre ? Non elle l’a aggravé. On sait qu’au Palais-Bourbon, M. Lhopiteau avait réussi à faire voter un amendement qui laissait exclusivement aux tribunaux, dans le cas où une congrégation serait dissoute et où ses biens seraient hquidés entre les ayans droit, le soin de décider quels seraient ces derniers. La loi ne les désignait pas ; elle ne prononçait non plus aucune exclusion de personnes, s’en remettant aux tribunaux compétens du soin d’appliquer les règles ordinaires du droit commun. La commission du Sénat est revenue sur cette disposition votée sagement par la Chambre : elle a décidé qu’en aucun cas, les membres de la congrégation dissoute ne pourraient figurer parmi les ayans droit. C’était, par une voie oblique et détournée, revenir à la confiscation par l’État, contre laquelle s’étaient élevées tant de protestations énergiques et éloquentes. Que fera le Sénat ? Mieux vaut ne pas le préjuger : on le saura dans quelques jours. Nous n’avons voulu pour le moment qu’indiquer dans quelles conditions nouvelles la loi se présente aux délibérations de la haute assemblée.

On a beaucoup parlé du Maroc depuis quelques semaines, beaucoup plus même que cela n’était prudent, car on a pu croire au dehors que nous adons des vues sur ce pays, et il n’en est rien. Qu’irions nous faire au Maroc ? Il nous suffit que personne autre n’y aille. Du reste, la situation actuelle, au Maroc, est pour nous aussi bonne que possible, car nous ne faisons pas entrer en sérieuse ligne de compte les