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de Mecklembourg, rentrait dans son pays. Il y rapportait, avec sa fortune faite, une affection inconnue qui fut diagnostiquée lèpre. La direction des affaires médicales, informée par le médecin consultant, invita le malade à quitter la ville de Rostock, à acheter dans la banlieue une maison de campagne isolée, où il devrait se retirer. On poussa la sollicitude jusqu’à assigner au maître de la maison et aux divers membres de sa famille les pièces qu’ils devraient occuper.


L’Angleterre, qui compte, dans ses possessions d’outre-mer, tant de pays où la lèpre est endémique, s’est toujours défendue efficacement contre l’invasion du fléau. Elle a, dès longtemps, créé des léproseries partout où elles étaient nécessaires. Depuis plusieurs siècles, elle-même s’est débarrassée de ses anciens foyers endémiques. Et, quant aux cas importés, en trente ans, de 1868 à 1898, on n’en aurait pas compté, selon les calculs du docteur S. Abraham, plus de 96, dont 85 pour l’Angleterre, 6 pour l’Ecosse et 5 pour l’Irlande.


L’Espagne présente un certain nombre de foyers disséminés et peu actifs. On ne s’en inquiète guère. Les lépreux ne sont pas isolés. Ils travaillent aux champs, ils gardent les troupeaux ; ils trouvent, paraît-il, à se marier. On ne les tient à l’écart que lorsque leurs lésions sont très avancées ou très répugnantes. Un centre morbide, de formation nouvelle, s’est montré, de notre temps, dans la province d’Alicante. L’histoire en est intéressante, parce qu’elle manifeste la contagiosité de la maladie en quelque sorte prise sur le fait. La lèpre était entièrement inconnue à Sagra, lorsqu’en 1850 un habitant, qui était originaire de cette commune, vint s’y retirer après avoir passé quelques années aux Philippines. Il en rapportait un mal dont il ne connaissait ni la nature, ni la gravité, et qui n’était autre chose que la lèpre à ses débuts. Il la communiqua à ses amis, qui en furent les premières victimes ; et de là, de proche en proche, le mal s’étendit si bien dans les villages voisins de Jalon, Parcent, Orba, etc., que plus de deux cents personnes en furent atteintes, dans l’espace de quelques années. En 1887, cent cinquante de ces malheureux vivaient encore.

Il y aurait environ un millier de lépreux en Portugal. Ils seraient quelques centaines en Italie, groupés principalement