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ses propres forces, sans aucun secours étranger et de vider un différend inarrangeable avec l’Autriche entre quatre yeux. Raison du lendemain, trouvée après coup. La véritable est que, dans la tension intérieure et extérieure de la politique prussienne, ayant à dos le Parlement, la Confédération et l’Autriche, sans autre soutien qu’une armée dont la transformation non achevée n’avait pas été éprouvée, il eût été de la dernière folie de se lancer sans nécessité, comme sans intérêt direct, dans la hasardeuse entreprise d’une guerre avec la France au moment même où arrivaient de Napoléon III les assurances les plus amicales.

Goltz écrivait à Bismarck : « Je ne fais qu’un cœur et qu’une âme avec César et il n’avait jamais encore été, même au début de ma mission, aussi aimable et communicatif qu’à présent. L’Autriche nous a rendu un grand service en ce qui concerne nos relations avec la France. « Cette malheureuse question polonaise, lui aurait dit l’Empereur, ne nous a pas mis en lutte, mais elle a refroidi nos relations ; c’est notre seul point de divergence et je donnerais beaucoup pour qu’on le fît disparaître : la Prusse serait en situation d’y travailler. » « Il a maintenant, ajoutait-il, des prétentions plus modestes que jamais ; il ne veut que sortir honorablement de l’affaire. » Drouyn de Lhuys, de son côté, déclarait que le vœu le plus vif de l’Empereur serait de faire quelque chose de commun avec la Prusse. On n’attaque pas à propos de rien des gens aussi empressés.


IX

Le Tsar s’était montré reconnaissant de l’offre d’un secours qu’il n’avait pas demandé ; toujours de facile composition, il ne se fâcha pas du refus de celui qu’il avait réclamé et il se résolut à la paix. Il prescrivit à son chancelier de donner à ses réponses un tour acceptable.

La réponse de Gortschacof à la note de la France n’eut donc aucun accent agressif, et tout en étant négative elle resta polie : « Après un mûr examen, nous n’avons pas trouvé de motifs pour nous écarter des points de vue de ma dépêche du 1-13 juillet ; nous croyons aller au-devant des vœux de M. le ministre des Affaires étrangères de France en nous abstenant de prolonger une discussion qui n’atteindrait pas le but de conciliation que nous poursuivons si elle n’avait d’autre résultat que