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de 350 kilomètres, et sa direction générale est à peu près celle de l’Est à l’Ouest. Les vagues du Nord la frappent avec violence et l’ont partout entamée et découpée en une centaine de petites criques, presque toutes servant d’abris temporaires aux bateaux de pêche et aux caboteurs. On n’y compte pas moins d’une quarantaine de ports assez actifs ; mais huit seulement, Lannion, Roscoff, Morlaix, Paimpol, le Légué-Saint-Brieuc, Saint-Malo, Saint-Servan et Granville ont une réelle importance commerciale ; et, dans le nombre considérable de dentelures si variées qui festonnent la côte, il n’y en a réellement que cinq qui soient de véritables golfes et des mouillages régulièrement fréquentés ; celui de l’Aber-Wrac’h, le double golfe de Morlaix et de Lannion, le grand golfe de Saint-Brieuc, la rade de Saint-Malo et de Saint-Servan, enfin la célèbre baie, curieuse entre toutes, au milieu de laquelle s’élève le Mont Saint-Michel.

La houle de la Manche est quelquefois aussi terrible que celle de l’Océan et tout le littoral des côtes du Nord se ressent de ses furieuses attaques. La longue ligne de falaises rocheuses qui court d’Ouessant à Saint-Malo, entrecoupée de petites plages sablonneuses, est précédée à une assez faible distance en mer par une longue et large traînée d’îlots de toutes dimensions formant une ceinture presque continue. On dirait une chaîne à plusieurs rangs de chaînons ; et seul un pilote très exercé et toujours prudent peut s’engager à travers ces mailles, dans des passes souvent fort étroites, au milieu de courans et de contre-courans quelquefois très rapides et assez compliqués.

La mer n’a pas seulement ruiné la côte par les coups incessans de ses vagues ; elle la envahie en accumulant sur ses grèves des dépôts considérables de sable que le vent fait cheminer avec lui. Moins hautes sans doute que celles de Gascogne, ne pouvant se développer comme elles sur d’aussi grands espaces, les dunes du nord de la Bretagne ont pris cependant une réelle importance. Sur quelques grèves, notamment aux environs de Roscoff et de Saint-Pol-de-Léon elles ont nécessité, comme dans les Landes, toute une série de fixations pour préserver de l’ensevelissement les riches cultures potagères qui sont un des élémens de fortune de cette partie de la région littorale. Dans ses attaques contre le continent, la mer agit donc d’une double manière, d’abord et partout par le choc direct de ses vagues, ensuite et sur quelques points particuliers, par l’apport des sables que ces