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OMBRE D’UN RÊVE


Parmi ces rencontres d’atomes,
Ne sachant pourquoi je suis né,
Je marche comme halluciné
En un tourbillon de fantômes !

Vague étincelle entre deux nuits,
Entre deux néants ombre d’être,
A la veille de disparaître,
Je ne sais encor qui je suis…


REQUIEM ÆTERNAM DONA EIS, DOMINA !


Elle étanche des cœurs la soit inassouvie,
Elle endort le blessé sur le froid de son sein ;
La Mort vient réparer les crimes de la Vie,
Apaisant la victime, et tuant l’assassin.

Mais puisse-t-elle au moins, quand, calmant la souffrance,
Elle promet la nuit profonde et le sommeil,
Elle, ne pas mentir ni tromper l’espérance
Du repos infini qui n’a pas de réveil !

Jouet vil, que rejette ou saisit la Nature,
Ne pouvoir s’évader de sa main qui vous prit ;
Oh ! torturé, venir encor à la torture,
Revivre, pour souffrir encor, comme on souffrit !

Ou la connaître, alors qu’on ne l’a pas connue,
Dans l’existence heureuse et calme d’où l’on sort,
Avec la faim, le froid mordant sur la peau nue,
La Misère, qui fait moins horrible la Mort !…