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affaires : il a joint aux réclamations de la Société des quais celles qui se rattachaient aux deux créances que nous avons mentionnées et quelques autres encore. Il en a fait un bloc, et a demandé qu’on lui donnât à jour fixe une réponse qui les comprît toutes. Cela n’entre pas dans les mœurs de la Porte : il était à prévoir qu’elle diviserait les questions, répondrait sur l’une et non pas sur l’autre, donnerait satisfaction sur celle-ci, — sauf à se reprendre plus tard, — et tergiverserait sur celle-là. C’est ce qui n’a pas manqué d’arriver. Nous avons eu, paraît-il, satisfaction sur l’affaire des quais ; du moins les télégrammes officiels l’ont dit ; mais cette satisfaction a consisté dans la promesse, qui risquait d’être assez vaine, d’assurer désormais à la Société le libre exercice de ses droits. Nous nous en sommes contentés, ce qui était sans doute se montrer concilians. Sur les créances, le gouvernement ottoman n’a pas cessé de tergiverser, promettant un jour et retirant sa promesse le lendemain, usant enfin de la plus incontestable mauvaise foi : et, quand nous parlons du gouvernement ottoman ce n’est pas assez dire, car le sultan lui-même a été mêlé à la négociation, a eu plusieurs entrevues avec M. Constans, et a pris envers lui des engagemens qui n’ont pas été tenus. Finalement, notre ambassadeur a fait savoir que, si, tel jour et à telle heure, il n’avait pas reçu satisfaction sur tous les points, il quitterait immédiatement Constantinople. Il n’a pas reçu satisfaction, et il est parti.

Il est difficile de savoir quand et comment se terminera cette affaire, car, évidemment, elle n’est pas terminée. Le sultan doit comprendre que, s’il y a des inconvéniens pour nous dans la situation à laquelle elle a abouti, il peut y avoir pour lui des dangers encore plus graves. Le droit de nos compatriotes est certain : il est inconcevable que la Porte ait rompu, ou qu’elle ait agi de manière à amener une rupture inévitable, sur des questions qui semblaient déjà résolues en principe. Nous désirons sincèrement que cette affaire n’aille pas plus loin : mais elle ne peut se résoudre que par un retour de la Porte aux promesses qu’elle avait faites, aux engagemens qu’elle avait pris, et par la pleine et, cette fois, loyale exécution des unes et des autres.


Nous nous contenterons, pour aujourd’hui, de signaler l’état de guerre qui existe en fait entre la Colombie et le Venezuela. On parle déjà de plusieurs autres petites républiques, comme l’Equateur et le Nicaragua, qui prendraient parti dans la querelle : celle-ci pourrait alors se généraliser. Le général Uribe, chef de la révolution co-