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le Brandebourg, pour lequel Dieu a créé les Hohenzollern d’abord (afin que les deux n’en fassent qu’un), le monde ensuite. La mission principale des poètes, c’est de prêcher cette loi, dans le pays où il importe qu’elle soit répandue, c’est-à-dire dans le Brandebourg, et subsidiairement dans le reste de l’Allemagne :


Que quiconque en Allemagne chante et poétise,
Chante pour sa patrie…

… Donc, à l’œuvre chacun
À qui Dieu a donné le chant ;
Des lourdes chaînes du jour le jour
Il faut sauver l’esprit allemand,
Donnez au peuple la poésie[1] !


La poésie allemande doit être une force nationale ; le théâtre allemand doit servir la patrie allemande. Et quand M. de Wildenbruch s’écrie :


Poète, rends au peuple
Sa foi en la lumière[2] !


Cela veut dire : « Poète, travaille à répandre le patriotisme allemand ; ne te sers de ton talent que pour cela, note ton génie, si tu en as, et en tout cas ta personnalité, dans le grand fleuve où roulent les destinées de ta race et de ta nation ! » De là, presque toute l’œuvre de M. de Wildenbruch, et surtout la partie que nous on avons détachée ; car, pour lui (c’est aussi, si je ne me trompe, l’opinion de M. de Treitschke), la véritable histoire de l’Allemagne commence avec celle du futur royaume de Prusse, au moment où Frédéric de Hohenzollern, burgrave de Nuremberg, vint prendre possession de la Marche de Brandebourg. Cet événement, qui ouvre l’ère nouvelle, a inspiré au poète un drame et une ballade.

La ballade[3] raconte simplement le fait, sans grand effort de poésie, en idéalisant un peu la figure du burgrave :

L’empereur Sigismond est à Constance, et son âme est pleine de soucis, car tout chancelle autour de lui. Le Brandebourg surtout le tourmente par le désolant tableau de ses querelles et

  1. An Deutschlands Dramatiker (Lieder und Balladen, p. 300-301).
  2. Ibid.
  3. Belehnung des Burggrafen Friedrich I. von Nürnberg durch Kaiser Sigismund mit der Mark Brandenburg 1417.