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générales qui soient discutées en Conseil, mais elles donnent rarement lieu à des votes. Quand un ministre désire, prendre l’avis de ses collègues sur une question qui intéresse spécialement son département, il en saisit le Conseil, mais d’ordinaire les affaires sont réglées en conférence privée entre le Président et le chef du département qu’elles concernent… Il ne s’agit pas, bien entendu, de réduire les Ministres au rôle de « clercs ; » ces conférences donnent lieu à un échange de vues et à des concessions réciproques. »

Le Président des Etats-Unis prend, comme on vient de le voir, une part personnelle à la direction de toutes les affaires essentielles. On verra par ce qui suit qu’il ne se borne pas à donner à ses collaborateurs ministériels des instructions générales, mais qu’il intervient jusque dans la rédaction des documens officiels qui lui paraissent dignes de fixer son attention et que quelques-uns sont en entier de sa main[1].

« Il peut arriver, poursuit M. Harrison, que le Président prépare lui-même un projet de dépêche et qu’après consultation avec le secrétaire d’Etat, celle-ci soit expédiée ensuite sans modification. D’autres fois la dépêche aura été rédigée par tel ou tel de ses collaborateurs et remaniée par lui[2]… Il est d’usage, par exemple, que le département d’Etat envoie au Président la minute des proclamations à adresser au peuple américain à l’occasion du Thanksgiving-Day (jour d’actions de grâces)[3]. D’après mes souvenirs, sur les quatre proclamations de ce genre que j’ai eu à lancer pendant ma Présidence, deux avaient été rédigées au département d’Etat et je ne les avais que légèrement modifiées. Les deux autres avaient été écrites par moi dans leur entier. »

  1. This Country of Ours, juillet 1896.
  2. Ce dernier système semble avoir été suivi de tout temps aux États-Unis. M. Harrison cite à ce propos une note du secrétaire d’État Jefferson (1789 à 1794) adressée à George Washington et ainsi conçue :
    « Le secrétaire d’Etat envoie ci-joint au Président plusieurs lettres destinées à son examen, en le priant d’y faire librement (freely) toutes les modifications qu’il jugera utile d’y introduire.
  3. En vertu d’un usage qui remonte à la fondation de la République, le Président invite chaque année par une proclamation spéciale le peuple américain à se réunir dans ses temples « pour y remercier Dieu (to give thanks) des bienfaits répandus sur les États-Unis. » Cette fête religieuse, à laquelle la nation est officiellement conviée sans distinction de culte, a lieu le dernier jeudi de novembre, date choisie à l’origine par Washington pour sa célébration et qui a été jusqu’ici conservée par ses successeurs.