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masses de sable et dans les murs de nos habitations, il y en a dans l’eau que nous buvons et qui, sans cela, ne serait pas potable : nos sens ne nous l’y montrent point.

Le corps matériel est immergé dans l’éther, comme une nasse ou un filet à larges mailles, dans l’eau d’une rivière, et si les déplacemens de ces engins dans ce milieu compact sont si faciles, combien plus aisés doivent être ceux de la matière, plus massive à la vérité que notre filet, mais qui ne rencontre devant elle que le fluide le plus subtil qu’on puisse concevoir. La répartition universelle de l’éther, la résistance insignifiante qu’il oppose nous obligent donc seulement à lui attribuer une densité extrêmement faible. Et c’est cette idée précise qui est impliquée dans le mot intentionnellement vague que nous avions employé jusqu’ici, lorsque nous l’appelions un fluide subtil.

Une autre difficulté à la conception du rôle lumineux de l’éther est la rapidité prodigieuse que doivent présenter ses mouvemens vibratoires. L’énormité des nombres qui l’exprime confond notre imagination. C’est par trillions, c’est-à-dire par millions de millions, que se comptent les vibrations exécutées en une seconde, par la particule d’éther qui produit ou propage la lumière : s’il s’agit de lumière rouge sombre, le nombre de ers oscillations doubles est de 484 trillions à la seconde : pour le jaune, le vert, le bleu et le violet, il s’élève successivement à 544, 586, 654, 709. Les longueurs d’onde correspondantes s’expriment en millièmes de millimètre ou millionièmes de mètre. C’est l’unité adoptée ici, de même d’ailleurs qu’en micrographie : c’est le micron. Les longueurs d’onde correspondant aux diverses couleurs varient de 0,620 microns pour le rouge à 0,551 : 0, 512 ; 0,459 ; 0,423 pour le jaune, le vert, le bleu et le violet. Ce sont les longueurs d’onde que détermine le physicien ; et, de là, il conclut les durées de vibration, autrement dit, leur nombre par seconde[1]. Cette détermination, d’ailleurs, n’a rien de particulièrement difficile. Elle se déduit de la mesure précise de plusieurs phénomènes tels que ceux des

  1. On a vu, plus haut, que la longueur d’onde est la distance franchie par l’onde pendant la durée d’une vibration. Dans le cas de la lumière elle est donc égale au produit de la vitesse de propagation (300 000 kilomètres, par seconde) par la durée de la vibration. Si on la connaît, on connaît donc, par cela même, la durée de la vibration, c’est-à-dire le nombre qu’il s’en produit par seconde, pour la lumière considérée.