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portée surtout sur la colonisation officielle et les fonds disponibles ayant été réservés pour la plus grande partie aux créations et aux agrandissemens de villages. Ces fonds devront désormais avoir un autre emploi. Avec les sommes provenant de la vente des terres domaniales et avec une partie des ressources de l’emprunt, l’ancien budget de la colonisation officielle devra pourvoir aux dépenses nécessitées par l’exécution du nouveau programme.

Ces grands travaux d’utilité publique attireront certainement la main-d’œuvre française et des immigrans. Quand ils seront achevés, la colonisation, assurée désormais dos-conditions d’existence et de succès, pourra rayonner et s’étendre indéfiniment sur tout le pays cultivable, devenu sain et bien desservi ; les centres viendront plus tard ; les villages, — qu’on n’ait aucune crainte sur ce point, — sauront bien, comme par le passé, se créer tout seuls et se placer aux situations les meilleures. On les trouvera sur les cours d’eau, à l’entre-croisement des routes, ils naîtront d’eux-mêmes par l’expansion de la culture et par la nécessité d’un marché pour la vente des produits agricoles dont les colons voudront se défaire et pour l’achat des articles manufacturés, des ustensiles et des diverses marchandises dont ils auront besoin. L’Etat n’aura qu’à laisser aller les choses, qu’à laisser faire et qu’à laisser passer. Il n’interviendra que pour doter les nouvelles agglomérations rurales, au fur et à mesure de leur développement, des monumens et des services publics indispensables aux exigences de la vie civilisée. Ces villages, dont la création répondra toujours à des nécessités économiques et dont l’agrandissement n’aura lieu qu’au fur et à mesure du développement de leur prospérité, réussiront certainement. Et qu’on ne croie pas que ce que nous exposons ici soit une simple vision de l’esprit. Si l’on veut avoir une preuve saisissante, plus forte que tous les raisonnemens, de l’efficacité des causes économiques pour la création de villages spontanés, qu’on mette en regard une carte des chemins de fer en Algérie et une autre carte représentant la densité de la population algérienne par des teintes graduées, et l’on constatera que tout le long de la voie ferrée s’est créée une agglomération rurale. Le chemin de fer est un véritable fleuve colonisateur, qui charrie des colons et les dépose sur ses berges. Pendant les premières années, ce sont des colonies éparses, qui forment une sorte de chapelet très espacé