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les combattre. Bien que leur malfaisance, en général, soit sans comparaison avec celle des microbes infectieux, ils tiennent cependant une place importante dans la pathologie humaine et comparée. Les sarcosporidies des moutons et des volailles engendrent les épizooties meurtrières qui déciment, de temps à autre, les bergeries et les basse-cours. Les coccidies oviformes font périr les lapins domestiques et s’attaquent parfois à l’homme. Les myxosporidies détruisent les poissons de nos viviers et, à de certains momens, dépeuplent nos cours d’eau. Ce sont, enfin, des microsporidies qui, il y a une trentaine d’années, ont envahi épidémiquement les magnaneries et produit cette maladie de la pébrine qui faillit ruiner l’industrie séricicole du monde entier et qui coûta à la France seule un peu plus d’un milliard. La découverte, en 1880, par Laveran, de l’hématozoaire de la malaria est venue ajouter encore à l’intérêt pathologique de ce groupe. Cette redoutable affection, la fièvre malarique ou paludéenne, qui transforme en cimetières ou en solitudes un certain nombre de pays tropicaux et même quelques régions de l’Europe méridionale, a pour agent pathogène un sporozoaire : et celui-ci est, sans doute, comme Metchnikoff l’avait annoncé prophétiquement dès 1887, une coccidie.


A ces considérations pratiques, qui recommandent l’étude des sporozoaires, s’enjoignent d’autres d’un ordre plus désintéressé. Nous nous attachons à ce que nous avons vu naître et grandir sous nos yeux. C’est le cas pour l’histoire naturelle des Sporozoaires : elle est essentiellement contemporaine ; nous avons assisté à ses premiers pas. Sa marche, par surcroît, a été féconde en surprises. Deux fois en vingt-cinq ans, les zoologistes ont vu se modifier les aspects sous lesquels peut être envisagée l’évolution de ces animaux rudimentaires. Les problèmes de leur développement et de leur cycle évolutif ont reçu successivement des solutions différentes. Les derniers travaux de Pfeiffer, en 1895, et ceux de Siedlecki, Simond, Léger, Vasiléevsky, et Schaudinn, en 1897 et 1898, ont modifié sensiblement les idées admises jusque-là sur la reproduction de ces animaux, et jusqu’à leur classification.

Un naturaliste trouve à ces péripéties un intérêt palpitant. Et ce n’est pas une vaine curiosité qui l’émeut. Les doctrines et les théories les plus importantes de la biologie y sont en jeu. Il ne faut pas oublier, en effet, que les sporozoaires sont des êtres unicellulaires. Ils forment avec les rhizopodes et les infusoires le vaste sous-règne des protozoaires, animaux dont le corps est formé d’une cellule unique, par