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corps de la grégarine, c’est-à-dire du second segment ou deutomérite, pour employer le langage technique. Cette division apparente, qui se retrouve chez un grand nombre de grégarines, n’est point une segmentation véritable. La notion de l’unicellularité domine toute l’histoire de ces organismes. Le contenu cellulaire, seul, est divisé, chez un certain nombre d’entre eux, et, par exemple, chez la grégarine du ténébrion, en deux compartimens par une cloison transversale. Chez d’autres, il n’y a point de traces de cette cloison ; le corps ne présente qu’un unique compartiment. La cloison, d’ailleurs, peut exister ou faire défaut chez les représentais d’une même espèce, ainsi que l’a vu M. Léger : et, c’est là ce qui en démontre la faible signification morphologique. Ajoutons que la partie antérieure du corps, ou du premier pseudo-segment étiré, se renfle de manière à simuler une sorte de tête (épimérite). Celle-ci est armée de crochets, de pointes radiées ou de tubercules qui sont autant de moyens de fixation.

Il est bien entendu que c’est par un abus de mots que nous employons ces expressions de tête, de cou, d’organes de fixation, trop ambitieuses pour la simplicité des objets qu’elles désignent. Le corps de la grégarine adulte est une construction peu différenciée. Une masse protoplasmique modifiée à sa surface (ectoplasme), un noyau, une enveloppe en font tous les frais.

Si l’on ajoute qu’il peut se produire, dans cette couche ectoplasmique, une différenciation de substance qui donne naissance à des fibres contractiles entourant comme un ruban hélicoïdal la masse intérieure ; si l’on tient compte de la cloison possible et des appendices fixateurs de l’épimérite, on aura épuisé la liste des détails qui marquent le plus haut degré de complication de la forme adulte. C’est, en définitive, un sac sans ouverture, sans bouche, ni anus, ni intestin : la nutrition s’y accomplit par imbibition des alimens tout digérés que l’hôte a préparés pour lui-même. Il n’y a pas de vésicules contractiles, pas de cils ou de flagella pour permettre à la grégarine de voguer. L’animal adulte n’a que des mouvemens obscurs. On voit, d’après cela, que les grégarines peuvent être rangées parmi les formes les plus simples et les plus inférieures des protozoaires.

Les crochets ou les saillies dont nous venons de parler permettent à l’animal de se fixer au revêtement intestinal de son hôte. L’épimérite est engagé dans le corps de la cellule épithéliale et l’animal, ainsi suspendu par une extrémité, flotte et se balance dans les liquides digestifs. Le même appareil sert aussi à une grégarine pour se fixer à une autre. On trouve ainsi de ces animaux associés en file, l’avant d’un individu