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étant engagé dans la partie postérieure de l’autre. Il se forme de cette manière des chaînes qui ne sont pas sans ressembler grossièrement (par exemple chez quelques Eirmocystis) à un tænia. Une confusion de ce genre a été commise par Cavolini.


Lorsque l’animal est arrivé au moment où il doit vivre isolé ou libre, — et nous allons voir que c’est le temps de la reproduction, — il se dégage de ses entraves d’une manière curieuse : il se décapite lui-même. Nous devrions dire, plus exactement, qu’il subit une décapitation automatique : le col se rompt et la grégarine se libère en abandonnant son épimérite tout entier dans la cellule épithéliale de son hôte ou dans le corps de son associé. S’il ne réussit pas à se séparer de ce dernier, il se résigne, et fait contre fortune bon cœur. Il s’applique plus intimement en se rabattant latéralement sur lui, tête-bêche, et il subit à son côté les opérations ultérieures de l’enkystement et de la sporulation. Cette association par contiguïté, a été prise, à tort, par quelques naturalistes, pour une conjugaison véritable. D’autre part, la grégarine dégagée du revêtement intestinal mène une vie libre, errante, mais peu mouvementée, ainsi que nous l’avons vu ; à cet état, elle prend le nom de Sporadin. Ses efforts se bornent à résister à l’entraînement trop rapide des liquides digestifs. A proprement parler, elle ne séjourne pas dans l’intestin, elle ne fait que le traverser lentement, tandis qu’elle s’organise pour la reproduction.

C’est là le moment essentiel dans l’histoire du parasite ; c’est celui qui mérite le plus d’attention. La connaissance des modes de propagation et des termes du cycle évolutif est des plus importantes à acquérir.


III

Les grégarines ont un mode de reproduction qui leur est commun avec les autres animaux de la même classe ; c’est la reproduction par spores, d’où le groupe tout entier des sporozoaires tire son nom. On a cru, pendant assez longtemps, que ce procédé était le seul qui servît à leur propagation. En 1891, un observateur allemand, Max Wolters, en a découvert un autre. Il a signalé, chez quelques-uns de ces animaux, parasites du ver de terre, les monocystis, un second mode, de génération, qui fait intervenir deux individus. Ceux-ci s’accolent, échangent entre eux réciproquement une moitié de noyau, et se séparent ensuite. Régénérés et invigorés par cette opération, les deux acteurs de la conjugaison nucléaire, sans échange de cytoplasma, subissent ensuite,