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III

C’est le 16 avril 1900 que M. Silvela, chef du cabinet conservateur alors au pouvoir, soumit à la Reine-Régente le projet de décret relatif au Congrès hispano-américain, qui devait se tenir à Madrid au mois de novembre suivant. Le premier ministre expliquait à la souveraine, dans l’exposé des motifs de ce document, que l’Union ibéro-américaine s’adressait à Sa Majesté pour obtenir d’elle que son gouvernement se mît à la tête de l’œuvre dont elle prenait l’initiative, et qu’il lui accordât son haut patronage. M. Silvela, parlant de l’idée même de ce Congrès, ajoutait que « le gouvernement, que préoccupaient toujours les aspirations légitimes de l’opinion, croyait cette conception digne d’être réalisée, parce qu’il estimait qu’il était favorable pour le pays et d’un intérêt hautement patriotique que les relations de l’Espagne avec l’Amérique latine devinssent toujours plus intimes. »

Il poursuivait en disant que « l’avenir social et économique de la nation espagnole était, en grande partie, lié à la nécessité de stimuler ces sympathies de race existant en Amérique à l’égard de l’Espagne, laquelle devait aborder sans perte de temps, avec désintéressement et noblement, le problème consistant à activer ses relations avec les peuples d’origine ibérique. » Le président du conseil, pas plus que les organisateurs mêmes du Congrès hispano-américain, ne cachait que le but poursuivi était aussi pratique et utilitaire que d’ordre moral et idéal. Il disait : «… Les énergies de la patrie étant tout entières dirigées vers la renaissance de ses forces, il est indispensable que nous luttions sur ces marchés, qui sont nos marchés naturels, pour y contrecarrer l’activité puissante du commerce d’autres nations, lesquelles, grâce à leur propagande, infligent chaque jour une décroissance plus accentuée à notre commerce ; de même, le marché espagnol doit une légitime réciprocité au commerce, à l’industrie et à l’agriculture de ces peuples frères. C’est pourquoi le ministre soussigné estime très opportune la conception économique du futur Congrès, très utile sa réalisation, et pratique l’idée d’expositions permanentes des produits destinés à l’exportation. » M. Silvela, tout en estimant que la préparation même du Congrès devait être laissée à une commission d’organisation