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l’Argentine, la Bolivie et le Pérou, aux autres pays hispano-américains. Cette seconde rubrique énumère ensuite un certain nombre de desiderata relatifs au droit d’asile et à l’extradition, aux brevets d’invention, aux marques de fabrique et aux raisons de commerce, etc. En matière de droit civil, le Congrès a exprimé le vœu que tous les États représentés établissent les mêmes dispositions en ce qui concerne le mariage, le divorce, l’époque de la majorité, etc.

Economie politique. — Dans cette section, on s’est surtout occupé de la question très intéressante et très actuelle de l’émigration. Comme nous le faisions remarquer plus haut, un des élémens principaux de l’influence espagnole en Amérique consiste dans la forte émigration qui se dirige de la péninsule vers les Républiques latines du Nouveau Monde. Aussi le Congrès de Madrid a-t-il cru devoir consacrer une attention toute particulière à ce phénomène, et, loin d’y voir une cause d’appauvrissement pour la métropole, il n’a songé qu’à le favoriser et à l’accentuer. Ses délibérations et ses décisions sur la matière doivent d’autant plus fixer l’attention que la question de l’émigration européenne vers l’Amérique latine s’est posée dans deux autres pays, en Allemagne, il y a quelques années, et en Italie, tout récemment. Le gouvernement allemand, ayant constaté que le flot sans cesse croissant de l’émigration se dirigeait de préférence vers l’Amérique anglo-saxonne, où les sujets de l’empire se dénationalisaient très rapidement par assimilation, il a songé à remédier à ce mal et à obtenir que les émigrans gardassent leur caractère national et leur langue en même temps que leur nationalité. A cet effet, il a fait voter par le Reichstag une loi sur l’émigration, qui, par un mécanisme dont nous n’avons pas à exposer ici le fonctionnement, lui permet de diriger le flot des émigrans vers des pays où ils risqueront moins de se dénationaliser, autrement dit des pays peuplés par une race à laquelle ils ne pourront que malaisément s’assimiler. En fait, le gouvernement impérial a jeté son dévolu sur l’Amérique du Sud, en particulier le Brésil, comprenant que les élémens germaniques, d’une part, espagnols et portugais, de l’autre, pourront vivre côte à côte sans se mêler. Il en est résulté que la colonisation allemande dans l’Amérique latine a pris de telles proportions que des régions entières sont comme germanisées. L’émigration italienne, qui, sans y être poussée par des moyens artificiels, se