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Il nous paraît hasardeux d’établir des cultures dans les terres placées dans de pareilles conditions, et les essais que l’on voudrait faire dans ce sens ne devraient être faits que sur une petite échelle.

Ce que nous venons de dire s’adresse plus particulièrement aux terres rouges de mamelons, c’est-à-dire aux immenses surfaces qui occupent la majeure partie du massif central de l’île et qui donnent à tout ce pays sa physionomie particulière. Mais les vallées et les bas-fonds se présentent dans de bien meilleures conditions ; on est en droit d’espérer, d’après la composition et la nature des terres qui les forment, qu’ils sont susceptibles d’être fructueusement exploités. Les eaux de pluie ont accumulé dans ces cuvettes les élémens fins enlevés aux flancs des coteaux. Aussi y rencontre-t-on souvent une grande fertilité due aux résidus des végétations antérieures, qui ont en quelque sorte centralisé les élémens utiles des terrains avoisinans et qui ont formé de l’humus, élément essentiel des terres meubles et perméables. Enfin, le sol y garde une certaine fraîcheur qui exalte encore la fertilité.

C’est sur les fonds de vallées que le colon doit exclusivement porter ses efforts. Mais beaucoup de vallées sont étroites et n’offrent pas des surfaces d’un seul tenant assez étendues pour que la grande colonisation s’y établisse ; elles conviennent plutôt à la petite culture.

Dans les lieux cultivés par les indigènes, et particulièrement dans ceux qui sont situés à proximité des villages, il n’est pas rare de rencontrer des terrains très riches, où se sont accumulées les fumures qui ont graduellement transformé le sol, particulièrement les cendres végétales qui apportent la potasse, l’acide phosphorique et la chaux, dont les terres de l’Imerina sont peu pourvues. Aussi trouve-t-on souvent des endroits où la culture maraîchère est pratiquée avec succès. Mais ce sont là des cas isolés, des conditions exceptionnelles ; ils n’infirment pas le jugement que nous portons sur l’ensemble des terres de l’Imerina.

L’exemple des terres enrichies en humus permet de croire qu’une longue suite d’améliorations peut amener les terrains pauvres à un certain degré de fertilité ; mais c’est l’œuvre des siècles, et la génération qui voudrait entreprendre ces modifications s’y userait sans profit immédiat.

La vaste région du Betsileo, située au Sud de la précédente,