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les normales à la surface constituent un faisceau conique et convergent au centre de la sphère spéculaire où elles forment foyer. Les effets propres aux rayons cathodiques sont amplifiés par cette concentration, de la même manière que les effets des rayons lumineux sont amplifiés au foyer des lentilles. C’est ainsi que Crookes a pu manifester l’action calorifique de sa prétendue matière radiante, c’est-à-dire du rayonnement cathodique : il a réussi à fondre, à l’un de ces foyers de concentration, non pas seulement le verre, mais un fil de platine iridié ; opération qui exige une température de plus de 2 000 degrés.


Ce n’est pas seulement au terme de son trajet, à sa rencontre avec la paroi de verre, que le faisceau cathodique peut être rendu visible. MM. Hittorf et Goldstein, en 1876, ont fourni le moyen de le mettre en évidence sur tous les points de son parcours. Ils ont découvert le pouvoir phosphorogénique de la nouvelle radiation. L’illumination que ces rayons obscurs provoquent dans le verre de l’ampoule, ils la produisent aussi dans les autres corps placés à l’intérieur. Le cristal s’y éclaire en bleu : les pierres précieuses se colorent diversement, les rubis projettent une belle lueur rouge. Le diamant y prend un éclat extraordinaire. Les sulfures alcalino-terreux qui sont naturellement phosphorescens (c’est-à-dire capables d’emmagasiner les radiations lumineuses pour les restituer ensuite) s’illuminent aussi très vivement. La wurtzite (sulfure de zinc cristallisé) y devient éblouissante. En disposant une plaque de quelqu’une de ces substances le long du trajet prévu du faisceau, on rend celui-ci visible dans toute son étendue. Il devient possible, de cette manière, d’étudier les propriétés des rayons cathodiques.


Les résultats de cette étude doivent être mentionnés brièvement. C’est d’abord la vérification des deux lois déjà énoncées : que le rayonnement cathodique est rectiligne et qu’il est assez sensiblement normal à la surface de l’électrode.

En second lieu, les effets mécaniques produits par ces rayons offrent un grand intérêt, par l’appui qu’ils semblent donner à la doctrine de l’émission matérielle. Ils sont manifestés par une élégante expérience. Deux rails formés par des baguettes de verre et placés dans la direction du rayonnement cathodique supportent l’essieu d’une roue à palettes. Ce petit équipage entre