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La dernière particularité est encore commune aux trois espèces de radiations en même temps qu’à toute espèce de décharge électrique. Elle consiste en ce que les unes et les autres provoquent la condensation, sous forme de brouillard, de la vapeur d’eau lorsque celle-ci est près de son point de saturation. Ce brouillard qui se forme tout à coup sur le passage de la décharge ou de la radiation devient un signe visible et palpable de leur présence. C’est une belle expérience de cours ou de conférence publique, facile à réaliser, et souvent répétée depuis deux ou trois ans. La vapeur s’échappe, invisible, d’un tube étroit en rapport avec un ballon plein d’eau bouillante. On en approche une pointe métallique fortement électrisée et d’où le fluide s’échappe sous forme d’aigrette que l’on pourrait distinguer dans l’obscurité. Dès que le rapprochement a lieu, on voit le jet de vapeur prendre l’aspect d’un brouillard très dense ou d’une épaisse fumée.

On entrevoit, sans qu’il soit nécessaire d’y insister, les applications possibles de ce phénomène à la météorologie. Il y en a une autre, fort curieuse, qui a été faite par J. J. Thomson à la mesure du nombre de projectiles cathodiques qui, à un moment donné, existent dans un espace déterminé. En combinant cette détermination avec des recherches électrométriques, on est arrivé, par des détours très subtils, à calculer la charge négative que porte chaque projectile cathodique, et enfin sa masse. Celle-ci est extrêmement faible.


Les rayons cathodiques d’un même faisceau ne sont pas tous identiques. Leur vitesse de propagation n’est pas la même ; et c’est la raison pour laquelle l’aimant les dévie d’une manière inégale, comme le prisme dévie inégalement les rayons qui forment un pinceau de lumière solaire. Il y a une dispersion magnétique et un spectre magnétique pour les rayons émanés de la cathode, comme il y a une dispersion lumineuse et un spectre lumineux pour les rayons émanés du soleil. MM. Birkeland et Jean Perrin ont constaté le fait presque en même temps.


Par des artifices extrêmement ingénieux, on est parvenu à mesurer la vitesse de propagation des rayons cathodiques qui est — dans l’hypothèse de l’émission, — la vitesse même du projectile lancé par l’électrode. Cette vitesse est énorme et d’ailleurs