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Sur ces quatre-vingts industries encore, qui composent la grande industrie, mener une enquête aussi délicate et aussi difficile, aussi complexe et aussi complète que celle que nous voudrions faire, n’est guère moins impossible que de la mener sur l’ensemble même des cinq cents professions ou métiers qu’on estime, dans nos sociétés, embrasser intégralement, en sa masse et en sa somme, le phénomène du travail. Là encore on se heurterait à la même impossibilité matérielle, et à la même impossibilité scientifique. Et donc, entre ces quatre-vingts industries encore, il nous faut distinguer, choisir, nous en prendre et nous en tenir à quelques types, — disons à sept ou huit types. Ce qui doit, pour nous, faire type, il n’est pas malaisé de le discerner. Si le caractère prédominant de la révolution économique qui depuis un siècle ou un siècle et demi a transformé le travail est précisément la concentration du travail ; si cette concentration est la marque et le signe de la grande industrie ; et si c’est la grande industrie qui pose réellement le problème social et politique qu’il s’agit aujourd’hui de résoudre, c’est la grande industrie surtout que nous avons à considérer, et c’est surtout la plus grande industrie, l’industrie la plus concentrée, celle qui exige la plus grande concentration en un même lieu et dans le même temps du travail et du capital, du matériel et du personnel ; c’est l’industrie à outillage mécanique très cher et à population ouvrière très dense. Ainsi les mines, la métallurgie, la construction de machines, la verrerie, la filature, le tissage, etc.

Ce seront par conséquent ici comme des monographies d’industries, ou plus exactement de quelques industries, — les plus concentrées de la grande industrie concentrée, — ou plus exactement