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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 juillet.


La courte session qui vient de finir ne permet pas de parler de la nouvelle Chambre des députés en pleine connaissance de cause. Peut-être ne se connaît-elle pas elle-même : il faut plus longtemps à une assemblée pour se débrouiller. C’est à peine si on peut savoir ce qu’elle fera en matière de validations et d’invalidations. Autant qu’on peut jusqu’ici s’en rendre compte, elle n’obéit qu’à la passion politique. La majorité valide ses amis et invalide ses adversaires. La plupart des discussions, au lieu de porter sur les détails mêmes de l’élection, portent sur les opinions du candidat qui a été proclamé élu. S’il est réactionnaire, malheur à lui ! S’il est nationaliste, trois fois malheur ! Il n’y a pourtant aucune loi qui rende les nationalistes ou les conservateurs inéligibles ; mais à quoi bon une loi quand on a la majorité et qu’on sait s’en servir ? Faute de temps, la Chambre n’a encore pu faire qu’un petit nombre d’exécutions ; elle reprendra à la rentrée son travail interrompu ; et quand elle aura fini d’invalider ses propres membres, elle invalidera des congrégations religieuses. Le ministère actuel, comme son prédécesseur, mais avec plus de crudité encore, sentant sa majorité incertaine et branlante, cherche à la maintenir ou à la réformer en flattant ses passions anti-religieuses. La recette est commode ; elle a donné trois ans de vie à M. Waldeck-Rousseau ; pourquoi M. Combes n’en userait-il pas à son tour ?

Il a fermé d’un seul coup 135 établissemens congréganistes, qui étaient presque tous des maisons d’enseignement. Le motif qu’il a invoqué est que c’étaient là des établissemens nouveaux, et qu’aucune autorisation n’avait été demandée pour eux. À dire vrai, il aurait été