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conditions des faits en d’autres professions ou métiers de la grande industrie. De cinquante-cinq à soixante-quatre ans, contre 6.11 pour 100 de mineurs-houilleurs, on trouve 7.93 pour 100 d’ouvriers de la métallurgie ; 6.19 pour 100 d’ouvriers occupés au travail du fer, de l’acier, des métaux divers (avec la construction mécanique) ; 7.71 pour 100 d’ouvriers occupés au travail « des pierres et terres au feu » (comprenant les verreries et les fabriques de faïence et de porcelaine) ; 8.81 pour 100 d’ouvriers des industries textiles proprement dites, etc.[1]. Aucune de ces professions, qui sont celles que considère principalement notre enquête, ne donne donc, dès l’âge de cinquante-cinq ans, une proportion aussi faible que le métier de mineur. Mais, à soixante-cinq ans et plus, la différence, l’écart est plus sensible encore. Contre 1.51 pour 100 d’ouvriers des mines de houille, on trouve 2.62 pour 100 d’ouvriers de la métallurgie ; 2.30 d’ouvriers du fer, acier, construction mécanique ; 2.83 d’ouvriers des verreries, faïenceries, etc., 3.88 d’ouvriers des industries textiles. Ce sont là encore des chiffres et des faits ; on ne force pas leur signification en disant que le mineur-houilleur vieillit si vite qu’il ne vieillit pas longtemps ; que, de tous les ouvriers, ou de presque tous[2], il est celui qui vieillit le moins dans le métier.

Deux facteurs peuvent contribuer à rendre un travail épuisant : sa durée, son intensité ; autrement dit : le temps continu pendant lequel il s’exerce, l’effort soutenu qu’il exige. Ajoutons-y tout de suite les circonstances plus ou moins favorables du milieu où ce travail est exécuté. Pour les mines de houille, est-ce son intensité, sont-ce les circonstances du milieu, est-ce l’un de ces facteurs tout seul, est-ce la combinaison de deux d’entre eux ou des trois réunis, qui rend la profession si fatigante, si déprimante, que l’ouvrier n’y vieillit pas, y vieillit moins que dans d’autres ?

  1. Dans les Observations présentées à la Commission du travail de la Chambre (p. 20-21), le Comité central des houillères de France fait la comparaison avec les carrières, qui donnent, pour ce même âge de 55 à 64 ans, 10.21 pour 100 des ouvriers ; l’agriculture, qui donne 4.43 ; l’industrie ( ? ), qui donne 7,04 ; le commerce, qui donne 4.85 ; et il tire argument de ce que le commerce ne donne que 4.85 et l’agriculture que 4.43. — Nous avons cru plus juste, ou plus méthodique, de comparer avec les autres industries sur lesquelles doit porter de plus près notre enquête, et qui, sans ressembler aux mines, s’en rapprochent pourtant plus que l’agriculture et le commerce.
  2. Au-dessous, l’on ne peut guère citer que les ouvriers employés à la « taille de pierres précieuses, » 0,92 pour 100, à soixante-cinq ans et plus ; les ouvriers des industries de « transport, » 1,33 pour 100 ; la catégorie d’employés classés sous la rubrique, pas très claire, de « soins personnels, » 0.57 pour 100.