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doubleront la consolidation obtenue par les cadres et étais[1]. »

Voilà, réduit, on peut le dire, à sa plus simple expression, le travail du fond dans les mines ; et, il faut le dire aussi, là surtout où « l’absence de grisou permet l’emploi d’un explosif, » il n’apparaît pas comme nécessairement et naturellement plus dur que bien d’autres travaux, lorsqu’on a fait du moins abstraction des circonstances de milieu. Ce sont donc elles, ces circonstances de milieu, qui en aggravent la peine et le risque, mais, à en croire l’opinion commune, elles y ajoutent une aggravation singulière. S’il entre ou n’entre pas dans cette commune opinion quelque imagination ou quelque fantaisie, quelque « littérature » ou quelque « romantisme ; » si le tableau n’est pas poussé au noir de cette vie qui se passe dans le noir, et si les ténèbres de la mine n’enténèbrent pas, malgré nous, en notre esprit, l’idée que nous nous faisons de la condition du mineur, je ne discuterai pas ce point présentement. Il semble qu’on ne puisse pas ne pas reconnaître, avec le Comité central des houillères de France, organe des patrons, des Compagnies, que de très importantes améliorations ont été apportées à l’exploitation des mines, au cours des dernières années. Chacune des courtes périodes dans lesquelles les statistiques coupent par tranches la vie sociale amène la sienne et il n’est même pas besoin de remonter, pour trouver de ces améliorations certaines, jusqu’à de lointains autrefois. Mais si, par hasard, l’on a, comme nous l’avons eue un instant, la curiosité d’y remonter, quel changement ! Quelle transformation, qui, ici, équivaut à une création !

Autrefois, « les terrains houillers étaient attaqués de toutes parts, par une infinité d’ouvertures, qui n’étaient ni des puits ni des galeries, mais des terriers tortueux, étroits et surbaissés. Les porteurs, hommes et femmes, chargés d’un sac de charbon sur leur dos, étaient obligés de gravir, tant sur leurs pieds que sur leurs mains, les rampans précipités de ces fosses. Quand les rampans étaient trop rapides, on entaillait des marches qui n’avaient d’espace que pour le pied. » Dans le bassin de la Loire, à Saint-Chamond (mine du Château), vers 1750, « l’escalier par lequel les ouvriers descendaient dans la mine était installé dans le charbon, bien régulier et facile jusqu’à la profondeur de 32 mètres. La descente à l’étage inférieur était au contraire très

  1. Grüner, Observations