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Quant à l’aide, qui complète le contingent de la taille, deux modes de paiement sont usités dans le Pas-de-Calais. Le premier consiste à payer les aides proportionnellement au salaire des ouvriers. Ils sont alors classés par les surveillans, porions, chefs-porions en plusieurs catégories, qui reçoivent de 60 à 90 pour 100 du salaire du mineur proprement dit, et qu’on appelle les soixante, les soixante-dix, les quatre-vingts, les quatre-vingt-dix pour 100 : ce sont comme des sociétaires à six, huit, dix douzièmes de part. Ce système, quoique le plus rationnel, n’est pas en vigueur aux mines de B… Le second mode de paiement du salaire des aides suppose l’accord préalable des ouvriers et des patrons. Au moment du mesurage du travail, le porion demande à la taille combien elle veut payer son aide. Il n’est pas rare que la taille ait pour aide le fils de chef de taille ; en ce cas, pour peu que le porion s’y prête, on ne se plaindra jamais que l’aide soit trop payé.

Mettons que, d’accord entre le porion représentant la compagnie et le chef de taille représentant la taille, il soit convenu de payer l’aide 4 fr. 50. Voici comment se fait la répartition des salaires. La commune mesure est le nombre de descentes ou de postes. Si, par exemple, la taille a gagné 166 fr. 20, et si l’aide, que la taille a déclaré vouloir payer 4 fr. 50, a onze descentes ou onze postes, c’est donc onze fois 4 fr. 50 ou 49 fr. 50, qu’il faut d’abord prélever sur les 166 fr. 20. Le reste est à partager entre les ouvriers. Ils ont à eux tous vingt-sept postes : le poste est donc de 6 fr. 15 ; et chaque ouvrier prend autant de fois 6 fr. 15 qu’il a personnellement de postes. Pierre a dix postes : il prend 61 fr. 50 ; Paul en a six : il touche 36 fr. 90 ; etc. Ainsi, trois ou quatre opérations : mise en masse du gain de la taille ; prélèvement du salaire de l’aide ; division du reste par le nombre total de postes, et formation du quotient de répartition ; multiplication de ce quotient par le nombre individuel de descentes, et formation du prorata personnel de chacun des ouvriers.

Les gamins sont payés à la journée, d’après un tarif qui fixe le maximum par jour et par âge. Les ouvriers à l’entretien (boiseurs, raccommodeurs, raucheurs) sont habituellement payés à la journée dans les travaux très variables et aux pièces dans les travaux de quelque durée. Ils se font de la sorte des journées de 5 à 7 francs. Les hommes au creusement des travers bancs ou des bowettes sont payés au mètre d’avancement suivant les