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difficultés du terrain : comme aux piqueurs ou ouvriers à veine, on leur retient le prix de l’explosif qu’ils emploient. Les conducteurs de chevaux gagnent un salaire fixe à la journée de 2 fr. 90, plus la prime de 40 pour 100, que, depuis deux ou trois ans, dans le Pas-de-Calais, ont touchée tous les ouvriers du fond, aux termes de la convention d’Arras, dont il faut bien, en passant, dire un mot.

Une des revendications que les mineurs avaient le plus énergiquement soutenues, durant la grève de 1889, était celle d’une augmentation de salaire de 10 pour 100 ; si énergiquement, que les compagnies avaient dû céder d’abord sur le principe, et qu’ensuite, lorsque les ouvriers avaient demandé que de ces 10 pour 100 on fît une prime comptée à part, toutes, sauf Nœux, qui elle-même finit par s’incliner, avaient cru devoir céder encore. Après la grève de 1889, les choses furent donc réglées de cette façon : salaire principal, supposons 5 francs, prime de 10 pour 100 : 0 fr. 50 ; total : 5 fr. 50. En août 1890, les charbons augmentant, par acte de bonne volonté patronale, tout simplement, et pour écarter jusqu’à la pensée d’une nouvelle grève, la prime fut élevée de 10 à 20 pour 100. Elle demeura à ce taux pendant assez longtemps, jusqu’à ce que, au commencement de 1899, par suite de l’extraordinaire mouvement industriel et particulièrement de l’extraordinaire prospérité de la métallurgie, la houille subit une hausse très sensible. Les mineurs, alors, réclamèrent, appuyés et guidés par leur syndicat. Une réunion de patrons eut lieu à Douai, puis, à Arras, une réunion contradictoire de patrons et d’ouvriers. Il y fut décidé qu’à partir du 16 avril 1899, et pour un an, la prime serait portée à 25 pour 100.

Mais les mineurs, et surtout le syndicat, n’étaient qu’à demi satisfaits ; et, continuant à s’agiter, tirant argument des grands bénéfices que devait procurer l’année 1900, ils obtenaient, dans une seconde réunion, à Arras, qu’à partir du 1er avril 1900, la prime fût renforcée de 5 pour 100 et fixée à 30 pour 100. Ce n’était que l’avant-dernière étape. À la fin d’octobre 1900, une grève partielle éclata à Liévin, Lens, Bully ; pour y couper court, il fut décidé que, du 1er novembre 1900 au mois d’avril 1901, la prime serait de 40 pour 100, et que, non seulement tous les ouvriers du fond de toutes les spécialités y auraient droit, mais tous les ouvriers inscrits, en vertu d’un ancien usage, au « carnet du fond. » c’est-à-dire, avec ceux-là, ouvriers du fond