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métallurgie, la construction mécanique, la verrerie, la faïencerie, la filature et le tissage, dans les industries, en un mot, qui composent la grande industrie, parce que le mineur doit vivre de ce qu’il gagne et non pas de ce que gagne le métallurgiste, le constructeur, le verrier, le tisserand, parce que, d’autre part, toutes ces industries n’étant pas rassemblées dans un même centre et le prix de la vie n’étant pas le même dans les différens centres, en cela encore toute comparaison clocherait. Aussi bien, comme nous aurons à étudier successivement ces cinq ou six grandes industries dont est faite la grande industrie, pour chacune d’elles, on trouvera les salaires en leur lieu, et la comparaison s’instituera en quelque sorte d’elle-même.

Non, ce qu’il importe vraiment de connaître, quand il s’agit des mines de houille, et ce qu’il importera vraiment de connaître quand il s’agira de la métallurgie, de la construction, etc., c’est le rapport du salaire de l’ouvrier, de telle entreprise et de tel ouvrier, je veux dire de telle spécialité ou catégorie d’ouvriers, au coût des objets les plus nécessaires, si nécessaires qu’ils sont indispensables à l’existence, dans le centre de population où fonctionne l’entreprise et où habite l’ouvrier. Mais, sur ce point, force nous sera d’entrer dans quelque détail ; et cette comparaison du salaire au coût de la vie s’encadrera mieux à sa place, elle viendra mieux à son heure lorsque nous en serons à déterminer et décrire les circonstances du travail.

On doit seulement être averti que, bien que le salaire dans les mines de houille « généralement » et « en moyenne, » ne soit pas mauvais ; bien qu’il s’y ajoute le plus souvent ce que Le Play nommait une « subvention » en nature[1] ; bien que l’on y puisse ajouter par surcroît le revenu d’un champ ou le produit de ce qu’il nommait « une petite industrie » accessoire ; et bien qu’en beaucoup d’endroits de grandes facilités de vie soient offertes à qui voudrait et saurait en profiter ; toutefois, pour des

  1. Voyez les Ouvriers des Deux Mondes, 2e série, 41e fascicule. Mineur des Mines de houille du Pas-de-Calais, par Yan Kéravic, monographie d’un mineur d’A…, (p. 259). Pour son chauffage, l’ouvrier « reçoit 6t900 d’escaillage (charbon de seconde qualité). Il paie, tous les mois, la somme insignifiante de 0 fr. 20 pour toucher son bon de charbon, alors qu’il devrait payer le même combustible à raison de 7 fr. 40 la tonne, soit pour 6t900 la somme de 51 francs. Ceci représente donc une subvention en nature de 48 fr. 60. » On peut regarder aussi comme une subvention indirecte, le logement à bon marché dans les statuts de la société ; nous y reviendrons au chapitre des Circonstances du travail. Cf. 43e fascicule. Piqueur sociétaire de la « Mine aux mineurs » de Monthieux (Loire), par M. Pierre du Maroussem.