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aurions, dans notre lot de ce continent, sinon le royaume de Sokoto, tout au moins celui du Bornou, qu’un détachement anglais vient d’occuper, il y a quelques mois.

Craignant que l’exploration ne fût ajournée, s’il insistait pour avoir 200 hommes de troupe, le malheureux Flatters proposa lui-même de réduire son escorte aux proportions dérisoires que nous venons d’indiquer.

Il ne fallait pas recommencer cette faute. Cette fois, les précautions furent bien prises et l’exploration fut très judicieusement préparée.

La mission se composait, outre M. Foureau, son chef, de quatre membres civils : quant à l’escorte de la mission, elle comprenait, outre le commandant Lamy, dix officiers, dont deux médecins, 213 tirailleurs algériens, 51 tirailleurs sahariens, 43 spahis algériens, un sous-officier d’artillerie ; au total, avec le commandant Lamy, 289 hommes de troupe, dont 39 Européens et 250 indigènes. La petite cavalerie de la mission se composait de 13 chevaux de spahis, et 12 d’officiers ou membres civils, au total 25. Les hommes de troupe étaient montés à chameau ; mais, par l’épuisement et la disparition de ces bêtes de charge, ils durent faire à pied la dernière partie du trajet. L’approvisionnement de munitions consistait en 200000 cartouches pour l’infanterie ; les spahis avaient, en outre, leur réserve à part ; une section d’artillerie, dont le personnel est compris dans les chiffres donnés plus haut, emmenait deux pièces de canon Hotchkiss de 42 millimètres, avec une provision de « 200 coups par pièce, un certain nombre d’artifices et une grande quantité de pétards de mélinite[1]. »

Ainsi, mission et escorte comptaient 293 hommes ; il fallait à tout ce monde un nombre considérable de bêtes de somme et à celles-ci un chiffre respectable de gens de service, chameliers et autres. Le convoi se composait d’un millier de chameaux ; on avait engagé, en plus de l’effectif ci-dessus, une vingtaine de Chambba montés à méhari, guides, éclaireurs, chasseurs, une quarantaine d’autres indigènes à titre de sokhrars, c’est-à-dire chameliers, non pas qu’ils dussent suffire pour le nombre énorme de bêtes ; mais ils devaient former les tirailleurs au métier, nouveau

  1. Ces renseignemens sont tirés du Rapport d’ensemble sur l’escorte de la Mission saharienne par le commandant Reibell. M. Foureau a joint en appendice une partie de ce rapport à son ouvrage, p. 802 et 803.