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pour eux, de conducteurs de chameaux. Trois mokkadem de la zaouïa des Tidjani, personnages religieux d’une influente confrérie musulmane algérienne, assez dévouée à la France, s’étaient joints aussi à l’expédition, ce qui portait au-delà de 330 le personnel militaire ou civil ; voilà quel était l’effectif propre de la mission et de son escorte. Elle était accompagnée, en outre, de ce que M. Foureau appelle « les convois libres, » qui ne laissaient pas que d’être importans : un indigène des Beni-Thour, notamment, s’était engagé à fournir toute la viande nécessaire à la mission jusqu’à Timassânine ; « il marche donc de conserve avec nous, dit M. Foureau, poussant le troupeau de chameaux qui constitue son approvisionnement, la seule viande que nous absorberons pendant bien longtemps. Chaque soir, quelques fractions des convois libres dont j’ai parlé plus haut nous rejoignent et font route commune à l’avant ou à l’arrière du convoi[1]. »

A combien de gens et de bêtes montaient ces convois libres ? Nous ne trouvons à ce sujet nulle indication ; mais il est probable qu’ils ajoutaient bien 200 ou 300 chameaux et une cinquantaine d’hommes à l’effectif de la mission, ce qui en portait le total à 1200 ou 1300 chameaux et à environ 400 hommes, au moins pendant la première partie du trajet.

Si nous tenons à fixer ces chiffres, c’est qu’ils ont une grande importance pour se rendre compte des ressources du pays parcouru ; on se trouve en présence, en effet, d’une véritable expédition qui va traverser sur un parcours d’environ 2 500 kilomètres, depuis Ouargla, une des contrées réputées les plus arides du globe ; si cette contrée était vraiment aussi désolée et dénuée de tout que la fait la légende, il est certain que jamais une colonne aussi nombreuse, ne pouvant aucunement se disséminer à cause du danger d’attaque, n’eût pu arriver au but.

On avait pris, il est vrai, de sages précautions pour aider au ravitaillement de la mission et de son escorte. Le capitaine, — depuis commandant, — Pein avait été envoyé, avec un goum de 120 indigènes et de 50 spahis sahariens, occuper l’oasis extra-algérienne de Timassânine, située à quelque 400 ou 450 kilomètres au sud de Ouargla et bien plus méridionale que Ghadamès, qui se trouve dans son est, avec la charge de se tenir toujours en

  1. Foureau, Mission saharienne, p. 22. Il est dit, p. 84, que l’entrepreneur de boucherie se trouvait encore avec la mission dans le Tassili et continuait à la pourvoir de viande de chameau.