Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 11.djvu/532

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Et ces conditions de pacage se sont rencontrées d’une manière continue, pendant ces 2 500 kilomètres, avec seulement quelques intermittences, qui ne mettaient pas la mission en péril. Le journal de la mission reconnaît que la mortalité des chameaux n’est imputable que pour la moindre partie au défaut de nourriture[1].

Cependant, il s’est trouvé que l’année où M. Foureau a fait la traversée du Sahara était, de son aveu et de la déclaration des gens du pays, particulièrement sèche : « L’année est décidément mauvaise et il n’a pas plu précédemment, écrit M. Foureau… Au reste, les récits des indigènes le prouvent surabondamment ; ainsi, ils me disaient : Cette année est une année relativement sèche… Il est évident que nous avons affaire à une année relativement sèche[2]. » La comparaison, d’ailleurs, des observations de M. Foureau et des relevés très précis de Barth pour le Sahara méridional, où les routes des deux explorateurs concordèrent à peu près, témoigne que le Sahara avait reçu plus de pluies lors du passage du voyageur allemand que lors de celui du voyageur français, ce qui ne veut nullement dire qu’il n’en tomba pas à cette dernière époque.

Malgré toutes ces circonstances éminemment défavorables : nécessité d’alimenter un convoi colossal, impossibilité de le laisser se disperser, erreurs souvent volontaires des guides conduisant dans des pays particulièrement désolés, sécheresse spéciale à l’année, la mission passa ; la traversée fut accomplie, quasi sans encombre en ce qui concerne les hommes.


IV

On se représente le Sahara comme une étendue continue de sables mouvans, ne recevant aucune pluie et dénuée de toute végétation. Ce sont là des erreurs. La plus grande partie du Sahara se compose de rocs, ou surface dure, tantôt unie et quasi polie, tantôt semée de pierres, le reg et les hammada ; la moindre partie est formée de sable ; mais ce sable n’est pas du sable mouvant, ce sont des dunes, en général fixes ; dans ces surfaces à dunes, que l’on appelle erg ou areg, le grand erg occidental par exemple, qui s’étend au sud de Ouargla et jusqu’au plateau du Tassili, il y a entre les rangées de dunes des surfaces solides, que l’on

  1. Voyez notamment à ce sujet les pages 23, 24, 71, 160, 165, 209, 254 et 804.
  2. Ibid., p. 27, 434, 481.