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Kéloui, qui l’habitent. « Nous ne pouvions pas soupçonner qu’elle allait être la tactique invariable des Touareg à notre égard ; nous ne pouvions point supposer à quel point ils allaient faire le vide autour de nous[1]. » Ayant cherché deux fois à détruire la mission par la force et y ayant échoué, ils s’efforcèrent de l’affamer, de semer le découragement parmi ses membres et de la disloquer, et ils réussirent à l’immobiliser pendant huit mois, dans différens de leurs villages ou de leurs villes, à Iferouane, à Aguellal, à Aoudéras, enfin à Agadez. C’est là que la mission saharienne, du chef de la perfidie des hommes, non de l’inhospitalité de la nature, courut le plus grand péril.

L’Aïr, à travers les récits de M. Foureau, comme de ceux de Barth, apparaît comme une contrée habitée, ayant une végétation variée et abondante, des cultures régulières, assez diversifiées ; sans doute, ici, comme partout, le récit de M. Foureau est moins brillant que celui du grand voyageur allemand ; il ressort, néanmoins, de ses descriptions que ce pays, qui s’étend sur environ deux degrés et quart à deux degrés et demi de latitude, constitue beaucoup moins un chapelet d’oasis qu’une continuité de terres déjà mises en exploitation ou susceptibles de l’être. L’Aïr ne reproduit aucunement au sud du Sahara le groupe des oasis du Touat, par exemple ; c’est une région d’une beaucoup plus grande importance. Mais quoique appartenant au Sahara par sa position géographique, l’Aïr, avec son prolongement le Damergou, fait économiquement et socialement partie du Soudan central, dont elle constitue en quelque sorte le seuil ; aussi nous réservons-nous d’en parler en traitant de cette dernière contrée.

Entre l’Aïr et le Damergou, région de cultures tropicales régulières, il y a encore un court passage stérile, s’étendant sur un degré géographique environ, puis l’on est dans une région à villages nombreux, à arbres splendides, à cultures de millet, de coton et de tabac ; avec parfois quelques interruptions partielles, cette région, l’une des plus favorisées de l’Afrique et que l’insécurité et l’anarchie ont seules empêché de prendre un immense développement, s’étend au sud jusqu’à la grande forêt équatoriale.

Si l’on résume les données positives recueillies par la mission

  1. Mission saharienne, p. 138.