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jadis une période de repos ; elle appelle désormais un redoublement de surveillance à cause de la menace des torpilleurs. Autrefois une bataille navale était précédée d’un long temps de préparation propice à la réflexion ; aujourd’hui, deux flottes s’avanceront l’une sur l’autre à la vitesse de 16 à 18 nœuds.

La direction suprême d’une flotte doit donc être remise à des hommes en pleine possession de leurs facultés mentales et du maximum de l’endurance physique. Il est essentiel que les amiraux appelés au commandement en chef ne soient pas très âgés. Un bon système de constitution des états-majors devrait empêcher des hommes impropres au commandement d’atteindre les grades élevés, quelque zèle qu’ils aient déployé, de quelques qualités qu’ils aient fait preuve dans les grades inférieurs.

Dans la marine allemande, il n’y a pas d’âge pour la mise des officiers à la retraite. Si l’un d’eux, quel que soit son grade, est signalé à l’empereur comme impropre à bien remplir un grade supérieur et que l’empereur soit assuré de l’exactitude du fait, cet officier est courtoisement et discrètement invité à rechercher un emploi civil. Il adresse alors sa démission. « La discipline de la nature, dit Huxley, n’est pas une explication et un coup, et le coup d’abord, mais le coup sans l’explication. À vous de trouver pourquoi vous avez été frappés. » Il ajoute : « L’objet de ce que nous appelons l’éducation est de corriger ce qu’a de défectueux cette méthode d’instruction de la nature, de préparer l’enfant à recevoir habilement cette instruction, à comprendre les symptômes préliminaires du mécontentement de la nature, sans attendre le coup sur les oreilles. »

Le capitaine Mahan dit à son tour : « La connaissance de l’histoire militaire et navale, l’intelligence de ses enseignemens, aideront à anticiper la pénalité qui s’attache au dernier argument de la vérité, le châtiment. Mais il arrive que l’imagination, dans une absurde impatience des avertissemens que donne le passé, se prévaut de différences supposées ou superficielles dans les conditions contemporaines pour justifier des mesures qui ignorent, ou même violent directement des principes établis et fondamentaux d’application universelle. » Il a écrit ses livres parce qu’il lui a semblé que « dans la course pour le développement matériel et mécanique, les officiers de mer ont trop laissé détourner leur attention de l’étude méthodique de la conduite de la guerre, qui doit rester cependant l’intérêt principal », et