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Se distingue-t-elle des autres par une couleur plus foncée, par l’obliquité des yeux, la saillie des pommettes, etc. ? Je conviens que la couleur n’est pas aisée à distinguer chez des gens qui, ne Se débarbouillent que rarement.

Je viens de faire un voyage assez amusant. J’ai passé deux mois dans les Highlands de l’Ecosse à flâner à droite et à gauche. C’est un pays curieux et qui mérite d’être vu. Les montagnes qui, pour vous autres grands voyageurs, ne sont que des taupinières, ont des formes nobles. On dirait à voir leurs profils qu’on les a faites avec les sommets des Alpes posés sur une plaine. L’effet que produisent les montagnes dépend surtout de leurs angles. Plus ils sont aigus et plus elles sont pittoresques. Cela ne veut pas dire qu’elles sont hautes. Les Highlands sont très abrupts. Les lacs, tortillés de cent façons bizarres, sont très profonds. Tout cela, sans grandeur réelle, a un grand air.

Ce qui ajoute beaucoup au mérite des paysages, c’est que dans les lieux les plus sauvages il y a d’excellentes routes, et des auberges munies de tout le confortable anglais. D’un autre côté on n’est pas dérangé dans ses contemplations par les mendians ou les gamins. Dans ce pays étrange il n’y a d’autres habitans que des lords ou des gentlemen ayant 10 000 livres sterling de revenu et leurs domestiques. On me dit que les Highlanders ont été remplacés par des moutons qui sont d’un meilleur rapport. Les descendans de Rob Roy et de Fergus Mac-Ivor sont allés au Canada ou à tous les diables. Cette solitude complète où l’on ne manque de rien a son mérite, surtout lorsqu’on est reçu dans un château par d’aimables aristocrates qui vous font les honneurs de leur désert. J’ai cependant trouvé des restes de population celtique à Inverness et, le long de la côte orientale, et j’ai été frappé de leur ressemblance avec nos Bas-Bretons. Bien différens des Écossais des Low-lands, ils crient en parlant, rient, chantent et discutent pendant des heures pour acheter un chou. J’ai vu plusieurs forts vitrifiés. Ils sont tout à fait semblables de construction au camp de Péran près de Saint-Brieuc, dont je vous ai parlé autrefois. Un archéologue d’Edimbourg m’a dit qu’on avait fait des expériences d’où il résultait qu’il n’était pas si difficile qu’on le croyait d’abord d’obtenir la fusion d’une masse de feldspath suffisante pour cimenter ensemble les pierres composant ces étranges murailles. On prétend qu’en mêlant de la paille hachée au bois, la matière fondante se liquéfie très