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CONSPIRATEURS ET GENS DE POLICE

LE COMPLOT DES LIBELLES
(1802)

PREMIÈRE PARTIE


I. — LE JOUR DE PAQUES 1802

… Soixante coups de canon : une salve de triomphe, et vibrante et joyeuse !… Installée devant la grille du Carrousel, une batterie de la garde consulaire ébranlait de son fracas le « Palais du Gouvernement, » ces Tuileries qu’habitait Bonaparte, déjà le gouvernement tout entier. En même temps, pieux et grave, passait sur les rumeurs naissantes de Paris le tintement du bourdon de Notre-Dame, « l’Emmanuel, » remonté dans sa tour et faisant trembler sa « forêt. » Ce jour d’octidi, 28 germinal an X (18 avril 1802, dimanche de Pâques), allait être une des plus mémorables journées du XIXe siècle : cloche et canons annonçaient aux 102 départemens de la République continentale la « pacification des consciences. »

« Paix générale et paix religieuse ! » avait, en son emphase officielle, annoncé le Moniteur… Paix générale : le traité d’Amiens ; paix religieuse : le Concordat. « Le temple de Janus était fermé désormais » et désormais aussi « Dieu n’était plus exilé de la Nature. »