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L’aspect des internats de Saint-Pétersbourg, celui des cours supérieurs particulièrement, ne m’eût pas permis de juger de la pauvreté habituelle des étudiantes si je n’eusse pénétré dans le domaine si curieux de la société de bienfaisance de Moscou. Cette société, qui a pour but de pourvoir aux besoins des étudiantes de la ville, ne remonte qu’à 1897. Elle vit le jour grâce à l’initiative de Mmes Bakounine, Stolpofsky et de la princesse Michetzky. Ses principaux fondateurs furent l’éminent professeur Tchouproff, si populaire à Moscou, et quelques autres professeurs de l’Université. Les ressources étaient modestes et les charges bien lourdes. Elles s’étendaient à toutes les femmes pauvres se préparant soit à entrer dans les cours d’instruction générale et professionnelle, soit à passer leurs examens d’institutrice ou de fedschers, celles enfin qui, ayant terminé leurs études, ne trouvaient pas de travail. Il fallait procurer des secours d’argent continus ou accidentels, prêter sans intérêts, fournir gratis le matériel nécessaire aux études, pourvoir de vêtemens, de linge, de chaussures, celles qui n’en avaient pas, organiser des logemens en commun, des restaurans à prix réduits, faire entrer les malades dans les hôpitaux. Un zèle ardent vint à bout de tout cela. Pendant les quatre années de son existence, la société a organisé dans différens quartiers trois restaurans et deux internats. Le premier restaurant situé au-delà de la rivière est fréquenté principalement par les futures sages-femmes ; on y distribue jusqu’à cent dîners par jour à raison de 15 copeks l’un. Le second restaurant se trouve au centre de la ville et reçoit les étudiantes des différens cours supérieurs, pédagogiques, cours de langues étrangères, conservatoires, école des arts, etc. On y prépare quotidiennement jusqu’à 140 dîners à raison de 20 copeks ; encore est-on obligé de refuser à quelques-unes, vu le manque de place. Le troisième restaurant a été organisé pour les femmes officiers de santé et réuni ensuite à l’internat. Ces restaurans sont d’une grande simplicité sans doute, mais parfaitement propres.

Comme à Saint-Pétersbourg, où j’ai été frappée de la sollicitude toute maternelle témoignée par d’activés patronnesses aux étudiantes, les dames de Moscou ne comptent pas leur peine.

Le conseil décide des mesures à prendre, mais les secours sont répartis par les membres féminins de la société. Lorsque fut organisé le premier internat en 1898, il n’y avait en caisse