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Aujourd’hui, les cours sont faits dans l’internat même, ceux de pédagogie pour l’enseignement primaire pendant deux ans ; ceux qui comprennent les études supérieures, les sciences naturelles et historiques durent quatre ans. Le second internat, celui des femmes officiers de santé, a été organisé grâce à des subsides de la ville, qui assigna pour cela 2 000 roubles. Non seulement les internes, mais les externes peuvent y faire un repas de 20 copeks. Il y a tous les jours de quarante à cinquante convives, un certain nombre venant du dehors, puisque les pensionnaires ne sont que vingt-neuf, devant payer, elles aussi, 15 roubles par mois. Mais, si modeste que soit ce chiffre, seize seulement donnent la somme entière ; plusieurs sont absolument sans ressources. Je demande s’il est bien raisonnable d’aider tant de jeunes filles à s’élever au-dessus de leur condition. Mais on me répond que tout individu a le droit de développer au plus haut degré ses facultés naturelles. D’ailleurs il y a là des filles de toute classe, et les sympathies du public pour cette œuvre sont très vives. La preuve, c’est que les ressources n’ont cessé de grandir depuis le début, où il fallait se borner à secourir, et encore de façon bien insuffisante, les élèves les plus pauvres des cours d’accouchement et de massage. Dès la seconde année, fut fondé un bureau pour la recherche d’occupations diverses devant aider à vivre les étudiantes. Plus de cent personnes s’y adressèrent aussitôt, la plupart demandant des leçons, des répétitions, des traductions, de la copie pour machine à écrire, des places de lectrices, de comptables, de gardes-malades, de masseuses, etc.

La plupart de ces solliciteuses n’avaient aucun moyen d’existence ; les autres recevaient de leurs parens une somme mensuelle variant de deux à dix roubles. Une seule avait une pension de vingt-cinq roubles, mais, étant mère de trois enfans, elle ne réussissait pas à manger tous les jours. Le tableau le plus saisissant de cette misère est fourni par le bilan de la nourriture. Dépenser par jour de cinq à dix copeks, c’est juste de quoi ne pas mourir de faim. Inutile d’insister davantage sur la situation matérielle de cette catégorie d’étudiantes. La société de bienfaisance a fait des prodiges pour l’améliorer. Les affaires sont admirablement gérées par le conseil d’abord, puis par l’assemblée générale. Tous ces administrateurs travaillent sans rémunération aucune. La société se trouve sous la dépendance du