Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 11.djvu/902

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ignées, en fusion, les pyrozoaires vivaient à leur façon : leur vitalité modifiée lentement a pris la forme qu’elle présente aujourd’hui. Mais, dans cette transformation si profonde, leur nombre n’aurait pas varié et la quantité de vie totale de l’univers serait restée invariable.

On reconnaît là les idées de Buffon. Ces cosmozoaires, ces pyrozoaires ont une singulière ressemblance avec les molécules organiques de « matière vive » de l’illustre naturaliste, partout répandues, indestructibles, et formant, par leur rassemblement, les édifices vivans.

C’est dans un tout autre esprit que la science de nos jours envisage une vitalité plus ou moins obscure dans les corps inanimés. Elle entend dire qu’on y reconnaît, à l’état plus ou moins rudimentaire, l’action des mêmes facteurs qui interviennent dans les êtres vivans, la manifestation des mêmes propriétés fondamentales.


IV

Quels sont donc, en fait, les caractères de l’être vivant, authentique, complet, quelles en sont les propriétés fondamentales ? On peut en donner l’énumération suivante : une certaine composition chimique qui est celle de la matière vivante ; une structure ou organisation ; une forme spécifique ; une évolution qui a une durée et un terme, la mort ; une propriété d’accroissement ou nutrition ; une propriété de reproduction. Lequel de ces traits compte le plus dans la définition de la vie ? sont-ils tous également nécessaires ? le défaut de quelques-uns d’entre eux suffira-t-il à faire rejeter un être, qui d’ailleurs présenterait les autres, du monde animé dans le monde minéral ? C’est précisément la question même qui est en jeu.

Le premier trait de l’être vivant c’est d’être composé d’une matière propre que l’on appelle matière vivante ou protoplasme. Mais c’est là une manière incorrecte de s’exprimer. Il n’y a point une matière vivante unique, un seul protoplasme : il y en a une infinité, autant qu’il y a d’individus distincts. Si semblable qu’un homme soit à un autre, on est contraint d’admettre qu’ils diffèrent par la substance qui les constitue. Celle du premier offre un certain caractère, personnel au premier et qui se retrouve dans tous ses élémens anatomiques ; et de même pour le second. Pour