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présence du corps cellulaire et du noyau, c’est-à-dire de l’intégrité de la cellule. Mais elles nous enseignent aussi qu’à défaut de cette intégrité, la mort ne survient pas immédiatement. Une partie des faits vitaux continue à se produire dans le protoplasme anucléé, dans la cellule mutilée, incomplète.

De même, le broyage et l’écrasement supprime la plupart des fonctions de la cellule. Mais les épreuves réalisées avec les pulpes de divers organes et avec celles de certaines levures montrent aussi que le protoplasma broyé, désorganisé ne peut être considéré comme inerte et qu’il est encore capable d’exécuter beaucoup des phénomènes qui lui sont propres, et, par exemple, de produire des diastases, agens spécifiques de la chimie vivante. Enfin, on ne possède pas assez de renseignemens sur les actions dont sont capables les élémens secondaires du protoplasme, granulations, filamens, que tel ou tel autre mode de destruction est susceptible de mettre à nu. On est donc loin de pouvoir nier qu’il y ait des actions possibles du protoplasme en dehors de son intégrité.

Il n’y a pas, au résumé, de raison absolue de croire, a priori, qu’aucun phénomène de vitalité ne puisse s’accomplir en dehors de l’atmosphère cellulaire, dans certains corps inorganisés, dans certains êtres bruts. Au contraire, il s’y produit sûrement des actes, tout au moins similaires de ceux qui sont propres à la matière vivante. L’observation et l’expérience ont montré en effet, que les cristaux et les germes cristallins étudiés par Ostwald et Tammann sont le siège de phénomènes tout à fait comparables à ceux de la vitalité.


VI

Un des traits les plus remarquables de l’être vivant, c’est son caractère évolutif. Il est en voie de changement continuel. Il part d’un faible commencement ; il se forme, s’accroît, puis, le plus souvent, décline et disparaît après avoir suivi une marche prévue et suivi une sorte de trajectoire idéale.

Il ne naît pas de rien. Son protoplasme est toujours la continuation du protoplasme d’un ancêtre. C’est une substance atavique que nous ne voyons pas commencer, que nous voyons seulement continuer. L’élément anatomique vient d’un élément anatomique précédent, et l’animal supérieur, lui-même, sort