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L'ASSURANCE
CONTRE
L'INVALIDITÉ ET LA VIEILLESSE

La question de l’assurance contre l’invalidité et la vieillesse est nouvelle entre toutes les questions sociales ; et, si les conditions dans lesquelles elle se pose ne sont sans doute pas spéciales à notre pays, elles sont certainement spéciales à notre temps. Une telle question ne pouvait être soulevée dans l’antiquité, où toute l’organisation du travail était fondée sur l’esclavage ; l’esclave, propriété du maître, restait à sa charge exclusive, qu’il travaillât ou ne travaillât pas ; la loi écrite n’imposait à cet égard aucune obligation de droit, mais la coutume et les mœurs assuraient à l’esclave infirme ou brisé par l’âge une place dans la familia. Pour les hommes libres, il n’existait aucune institution sociale, mais, à toutes les époques, en Grèce et à Rome, on prit des mesures exceptionnelles en faveur des vétérans ; les autres vivaient de ces petits profits énumérés dans les comédies grecques et latines, et attendaient la sportule des riches patrons ou les largesses des Césars.

Avec la civilisation chrétienne et la suppression de l’esclavage, apparaissait la préoccupation de pourvoir aux besoins de la vieillesse. Les liens de famille étaient plus resserrés, l’organisation nouvelle du travail libre assurait la continuité de la profession, exercée dans la corporation et au même domicile. Au foyer stable, garanti par l’hérédité et le long bail, le vieillard