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LE
TRAITÉ FRANCO-SIAMOIS

Pour comprendre la portée de l’accord franco-siamois soumis à la ratification du Parlement, il est nécessaire de revenir sur le passé et de connaître les événemens qui se sont déroulés en Indo-Chine pendant la seconde moitié du XIXe siècle. Nous les exposerons aussi brièvement que possible, nous efforçant de mettre en relief les points essentiels et d’apporter dans nos appréciations une entière impartialité.

De temps immémorial, les Annamites sont en lutte avec les autochtones, Tsiams, Cambodgiens, Laotiens, Siamois, qu’ils ont progressivement repoussées de l’Annam et de la Cochinchine, sans que la Chine intervînt pour rétablir la paix entre ses vassaux. L’occupation de Saigon (1859) arrêta ce mouvement d’expansion, et ce fut contre nous que l’empereur Tu-Duc mobilisa ses forces. Très habilement, les Siamois profitèrent de cette occasion pour s’emparer des provinces cambodgiennes de leur frontière orientale. Effrayé de cet envahissement et voulant conserver le reste de son royaume, Norodom sollicita, en 1863, la protection de la France, qui lui fut accordée. Nous avions des intérêts plus importans à sauvegarder ; il nous fallait réprimer les fréquentes insurrections qui se produisaient dans le delta du Mékong ; aussi, provisoirement, nous nous désintéressâmes de la question siamoise, nous promettant, quand la pacification de la Basse-Cochinchine serait achevée, de faire restituer à notre protégé les provinces qui lui avaient été enlevées.