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La pression mécanique est, elle aussi, capable de faire passer un métal dans un autre. Nous n’avons pas besoin de rappeler l’expérience bien connue de M. Cailletet, qui, en employant des pressions considérables, a fait suinter du mercure au travers d’un bloc de fer. Plus simplement, il a suffi à W. Spring de presser fortement l’un contre l’autre un disque de cuivre et un disque d’étain pour obtenir leur soudure. Il s’est formé, jusqu’à une certaine distance de la surface de contact, un alliage véritable. Une couche de bronze d’une certaine épaisseur a uni les deux métaux l’un à l’autre. Et ceci n’a pu se faire sans que les particules de l’un et l’autre métal se soient compénétrées mutuellement.


III

Un alliage de deux métaux ne peut être considéré qu’exceptionnellement comme un simple mélange. Ce n’est pas non plus dans les conditions ordinaires une combinaison unique et invariable. Le plus souvent, c’est un mélange de composés différens, plus ou moins instables, et qui passent de l’un à l’autre sous des influences physiques diverses. Les élémens d’une telle mixture tendent à se séparer par liquation, lorsque, après l’avoir fondue, on la laisse refroidir. C’est ce qui arrive, par exemple, pour les alliages du cuivre et de l’étain, c’est-à-dire pour les bronzes, mélanges divers des deux métaux eux-mêmes avec les composés qu’ils forment. Quand la coulée de bronze se refroidit dans le moule, le dépôt qui se forme à la surface est riche en cuivre. Il forme cette partie supérieure du lingot que l’on appelle masselotte et que l’on sacrifie parce qu’elle est hétérogène et manque de cohésion. La solidification se propageant de haut en bas, intéresse des couches successives qui sont moins riches en cuivre que les précédentes. Il vient un moment où le métal qui se dépose a la même composition que celui qui forme le bain. On en est arrivé au mélange que l’on nomme eutectique, ou, plus exactement, au composé défini : à partir de là, la solidification s’achèvera, conformément aux lois physiques, sans changement de température. La masse se prendra toute ensemble et formera un lingot régulier. Ces circonstances ont une importance pratique pour l’industrie ; le but du fondeur est, en effet, d’obtenir des lingots parfaitement homogènes.

Les particularités de la solidification des alliages fondus sont liées, comme on le voit, à leur constitution chimique. Elles sont aussi en rapport avec leur constitution physique.