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occupées par des Turcs qui s’enfuirent sans faire aucune défense.

À 8 heures du matin, quand la brume matinale se dissipait, l’armée anglaise était déjà prête à recevoir l’attaque des Russes. Devant Balaklava étaient les highlanders. En arrière, la cavalerie légère, pied à terre. Plus près, se tenait la grosse cavalerie, les Scots Greys, géans à habits écarlates, montés sur des chevaux gris, les Inniskillings et les dragons gardes.

La cavalerie russe, uhlans, cosaques, dragons et hussards, s’avançait face aux highlanders, mais bientôt elle se divise ; une partie fond sur les highlanders qui, au commandement de sir-Colin Campbell, l’attendent froidement et la reçoivent à 50 mètres par une salve. Elle est arrêtée net et fait demi-tour. Une deuxième décharge accélère sa fuite.

L’autre partie de la cavalerie russe se dirige sur la grosse cavalerie anglaise qui se forme aussitôt en un vaste demi-cercle, part au galop sous les ordres du général Scarlett, enveloppe et écrase son adversaire. Les spectateurs, venus nombreux, pour contempler le combat, poussent des hourrahs en l’honneur de l’armée anglaise.

La bataille semblait finie : la grosse cavalerie anglaise revenait au petit trot reprendre sa place du début, tandis qu’une brigade de chasseurs d’Afrique (1er et 4e régimens), sous le général d’Allonville, venait se placer à sa gauche. Mais à ce moment le commandant en chef de l’armée anglaise, lord Raglan, fut prévenu que les Russes emmenaient les pièces prises le matin dans les redoutes. Celui-ci fait aussitôt porter à lord Lucan, commandant la cavalerie légère, l’ordre de faire immédiatement avancer la cavalerie pour essayer d’empêcher l’ennemi d’emporter les canons. Il le prévenait que la cavalerie française était à sa gauche.

Lord Lucan donna, de suite à lord Cardigan l’ordre de charger avec sa brigade ; celui-ci, sans discuter, mit sa brigade sur deux rangs et partit aussitôt.

Les spectateurs, si enthousiastes peu d’instans avant, étaient anxieux. Un cri de soulagement se fit entendre quand on vit les Anglais s’arrêter au bout de 290 mètres. Mais c’était pour ôter aux chevaux les gourmettes.

À 800 mètres d’une batterie, la brigade prit le galop. La batterie lâcha une première salve et quand la fumée se dissipa