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8 000 hommes avec 12 pièces d’artillerie et de la cavalerie, la met en désordre, puis, sous la protection de son artillerie et d’une ligne de tirailleurs, rompt le combat. Après avoir reconnu la position de la masse principale, il rentre dans ses lignes ayant parcouru 165 kilomètres en trois jours.

La caractéristique de cette tactique, — c’est-à-dire la combinaison du combat à pied et du combat à cheval, — apparaît dans l’affaire de Brandy-Station, le 20 août 1862, où 2 000 cavaliers confédérés se trouvèrent aux prises avec 3 000 fédéraux qui furent battus. « Le 7e Virginie-cavalerie, colonel Jones, qui formait l’avant-garde, enleva dès le début un demi-escadron ennemi imprudemment avancé dans son voisinage, mais il se trouva bientôt arrêté par une ligne de tirailleurs embusqués à la lisière d’un bois. Jones fit mettre aussitôt pied à terre à son régiment pour riposter à cette fusillade, tandis que le général Robertson avec ses 3 autres régimens filait à gauche pour prendre le flanc de l’ennemi… »

L’expédition de Catlett’s Station, le chef-d’œuvre de Stuart (il avait 27 ans), montre ce que peuvent être des dragons résolus et audacieux.

Dans la nuit du 22 au 23 août, il mène une colonne de 2 000 chevaux au milieu des campemens ennemis, jusqu’au quartier général de Pope, général en chef des fédéraux.

« La pluie faisait rage, écrit Borcke, lorsque vers 11 heures du soir, nous nous heurtâmes au camp ennemi qui s’étendait des deux côtés de la voie ferrée sur un mille de longueur. Nous fîmes halte à 200 pas des tentes et profitant des roulemens ininterrompus du tonnerre et du déluge qui les accompagnait, nous pûmes former nos lignes sans attirer l’attention de l’adversaire. »

Le colonel Lee, guidé sur l’emplacement du quartier général, se jette hardiment avec son régiment au milieu des tentes de l’état-major du général Pope, malheureusement absent ce jour-là. Il fait prisonniers un grand nombre d’officiers, désorganise tout et s’empare du plus beau trophée qu’un cavalier puisse rêver : le livre d’ordres du généralissime ennemi. Il renfermait des informations capitales, telles que les effectifs exacts et les mouvemens projetés.

Pendant ce temps-là, les autres régimens étaient envoyés le long de la voie ferrée pour la couper, attaquer un autre camp,