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CONSPIRATEURS ET GENS DE POLICE

LE COMPLOT DES LIBELLES
(1802)

DEUXIÈME PARTIE[1]


IV. — UN PAUVRE HÈRE

La solennelle et vaste place du Palais, à Rennes, n’offrait pas, en 1802, cette symétrique magnificence qu’aujourd’hui elle présente aux regards. Le majestueux décor de pierre, dessiné par Jacques Gabriel, ses arceaux cannelés, ses pilastres à chapiteaux fleuris, ses gracieuses mansardes n’étaient point terminés encore. A l’est, — de la ruelle Saint-François à la rue Saint-Georges, — se dressait une rangée de sombres, tristes et ladres bâtisses, échappées par merveille à l’incendie de 1720 ; l’ancien couvent des Cordeliers et sa chapelle ; plus bas, quelques murailles enserraient des jardins. Très vivante, autrefois, et sans cesse animée par les chaises ou les carrosses de Nos Seigneurs du Parlement, cette place Égalité, — ainsi l’avaient dénommée les malins de 93, — allongeait, en l’an X, une attristante et morne solitude. Le Parlement n’existait plus ; donc, plus de Grand’Chambre, ni de Tournelle, de chambres d’enquêtes et de requêtes

  1. Voyez la Revue du 15 octobre.