Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 7.djvu/200

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

beaucoup plus du dixième ou du neuvième de la dépense actuelle le sacrifice que nous imposerons aux compagnies. Prenons un neuvième, c’est 7 200 000 ; voilà le maximum de la dépense, que les dispositions de la loi votée en 1897 pourront entraîner (très bien ! très bien à gauche). (J. O. du 14 novembre, page 2 169). »

Un calcul plus simple encore aurait dû préserver l’orateur d’une aussi grosse erreur. L’administration des chemins de fer de l’Etat ne peut être soupçonnée par lui, je suppose, d’avoir voulu, elle aussi, tromper la Chambre : elle accusait un excédent de dépenses de 2 700 000 francs. Or, le parcours des trains de l’État est de 10 000 000 kilomètres, celui des 6 grands réseaux de 304 000 000 kilomètres, soit au total 320 000 000 ou 20 fois celui de l’Etat seul. L’augmentation de dépenses pour l’ensemble pouvait donc atteindre 20 fois 2 700 000 ou 54 millions. Voilà ce qu’une simple règle de trois pouvait faire soupçonner. On n’a pas songé à la faire.

Nous ne reproduirons pas ici la justification détaillée des évaluations des Compagnies si légèrement incriminées ; elle figure tout au long aux pages 91 à 103 du rapport de M. le sénateur Godin et l’on pouvait en discuter tous les élémens ; les nier simplement, non, c’est trop commode et il ne saurait suffire, pour les ébranler, de calculs sommaires faits à la tribune, quelle que soit l’habileté du calculateur. Nous nous contenterons de quelques indications pour expliquer l’origine de ses erreurs.

Ainsi que nous l’avons dit plus haut :

Le traitement moyen d’un mécanicien n’est pas 2 370 francs, mais 3 595 francs ; celui d’un chauffeur n’est pas 1 620 francs, mais 2 414 francs ; celui d’un agent des trains n’est pas 1 503 fr., mais 2 016 francs.

Ce n’est pas du dixième ou du neuvième qu’il faudrait augmenter le nombre des agens actuellement en service ; en tenant compte de la réduction de la durée effective du travail et des 40 jours de congé nouveaux décrétés par la loi votée en 1897, il faudrait l’augmenter de 55 pour 100.

Enfin, en ce qui concerne la traction, en dehors de l’augmentation du nombre des mécaniciens, il faut tenir compte d’une augmentation correspondante dans le nombre des machines et des places de dépôts nécessaires à les abriter ; on a oublié cela, et l’omission est d’autant plus grave que ces charges annuelles supplémentaires, 11 346 000 francs, sont plus de la moitié de