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laquelle je ne dois rejeter. »… « Je vois bien force incommodités et traverses devant les yeux… Mais il s’agit d’abattre « cette maison d’Autriche qui a toujours lâché d’opprimer l’Eglise de Dieu… » Il rappelait aussi les raisons qu’il avait d’espérer : il se promettait l’alliance de son beau-père, Jacques Ier ; il escomptait le concours de tous les princes de l’Union ; il tablait sur les succès de Béthlen Gabor qui allait, disait-il, se faire couronner roi de Hongrie, à Presbourg. Il invoquait, maintenant, comme décisive, l’intervention du roi Louis XIII ou du moins la promesse de rester neutre. Il faisait appel à toute l’amitié de Bouillon pour disposer en sa faveur les sentimens de la cour de France (octobre 1619).

Bouillon était le grand artisan de la machination : il ne pouvait pas manquer à son pupille. Si bien qu’en décembre 1619, et dans les premiers jours de l’année 1620, avant que le roi Louis XIII eût pris le parti de briser par la force la coalition des grands et de la Reine mère, il avait vu plaider en quelque sorte, devant lui, la grande cause politique et religieuse qui partageait l’Europe, le comte de Furstemberg parlant au nom de l’empereur Ferdinand et des catholiques, le duc de Bouillon parlant au nom du Palatin et des protestans.

Le débat était solennel. Les défenseurs de l’une et de l’autre thèse ne furent pas inférieurs à leur tâche. Non seulement la cour de France, mais l’opinion publique était saisie. Paris était rempli d’agens plus ou moins avoués qui se glissaient partout et cherchaient à remuer les passions : des libelles sans nombre circulaient ; les deux mémoires soumis au Roi furent immédiatement répandus dans le public.

L’évêque de Luçon, ancien secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, suivait le procès avec une attention singulière ; car c’est à ce moment précis que se déposent en lui les premiers germes de ce qui sera, plus tard, la politique européenne du cardinal de Richelieu.


Le mémoire présenté au nom de l’Empereur par le comte Wratislas de Furstemberg avait été rédigé, paraît-il, par le vieux baron Alerimand Conrad de Fridembourg. Sur un ton de burgrave, il rappelait son âge de quatre-vingt-trois ans passés, son indépendance, ses services ; il se vantait d’avoir, « depuis la journée de Pavie jusqu’en l’année 1586, continuellement porté