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promis, ne bougeait pas. Il déclarait qu’il ne s’engagerait à fond que s’il obtenait préalablement toute sécurité au sujet de ses possessions héréditaires. Il craignait, en effet, que, s’il s’avançait au secours de l’Empereur en Bohême, les protestans d’Allemagne ne le prissent à revers et ne pénétrassent dans ses États. Avec une habileté profonde, il s’efforçait de séparer l’affaire de Bohême des affaires d’Allemagne et de rompre le faisceau que l’habileté contraire de Bouillon avait su nouer par l’élection du Palatin. Déjà, l’électeur de Trêves, soufflé par Maximilien, avait dit aux ambassadeurs du Palatin : « Qu’ils se battent en Bohème, tant qu’ils voudront ; nous autres, nous resterons bons voisins en ces quartiers. » Cela voulait dire qu’on travaillait à isoler le Palatin, à le réduire à ses propres forces. La partie diplomatique qui se jouait, à Ulm, entre les deux renards, était donc décisive.

C’est l’ambassade française qui décida du succès. A peine arrivée à Ulm, elle s’emploie avec une activité singulière auprès des princes de l’Union protestante, pour leur faire accepter l’idée d’un armistice s’appliquant aux princes allemands seuls, et laissant l’Empereur et la Bohême en dehors.

La diplomatie du Palatin, dirigée par Bunichhausen, homme avantageux et imprudent, ne vit pas le piège : on dit même qu’un des principaux chefs de l’Union protestante, le margrave d’Anhall, se laissa corrompre par l’argent du roi de France. D’ailleurs, les princes protestans d’Allemagne n’étaient pas sans inquiétude pour leurs propres États. Ils craignaient de tirer les marrons du feu au profit du Palatin. Celui-ci n’était ni aimé, ni craint.

Donc, sous l’autorité du roi de France et suivant les conseils subtils de Maximilien, on signa, à Ulm, un traité par lequel les princes protestans et les princes catholiques allemands s’engageaient respectivement à ne pas recourir aux armes les uns contre les autres. Et, par les termes mêmes du traité, l’Empereur et la Bohême étaient formellement exclus de cet arrangement.

Laissons les ambassadeurs expliquer eux-mêmes la portée de cet acte : « La paix est confirmée parmi tous les États de la Germanie, sans priver toutefois l’Empereur de porter ses armes et celles de ses parens et amis qui sont de la Ligue catholique dans le Palatinat, et lui, garde, par contre, la faculté d’être secouru en Bohême de toutes les forces levées par la dite Ligue. » Les princes protestans déposaient les armes. Bavière était rassuré. Le Palatin demeurait seul Ses ennemis l’avaient à leur