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« Les partisans des canaux, dit l’un d’eux[1], s’appuient sur l’exemple d’autres pays, et en particulier de la France, qui ont construit et entretenu aux frais de l’État de grands réseaux de canaux, sans percevoir de péages. Mais il faut remarquer que la situation n’est pas la même là-bas que chez nous. D’abord les canaux ont été construits en partie avant l’époque des chemins de fer. Ensuite ces pays sont beaucoup plus riches que le nôtre et peuvent se permettre maint luxe qui nous est interdit. »

« En Allemagne, dit un autre écrivain, les voies navigables peuvent, en général, rendre moins de services qu’en France où le cabotage est possible de trois côtés du pays, où le réseau de canaux intérieurs est relativement plus étendu, et où il est affranchi de tout impôt. Ce réseau semble donc mieux approprié, par ses nombreuses ramifications, à servir l’ensemble du pays que le réseau allemand[2]. »

Le ministre des Travaux publics de Prusse, M. de Thielen, a déclaré lui-même, devant la Commission des canaux du Parlement, que la France « a été plus loin dans la construction des canaux qu’aucun pays du continent[3]. » Au cours de la même discussion, un des députés, le comte Kanitz, proclama que « la France est le paradis des partisans des canaux. » Or, c’est dans cet Eden que, pour justifier des projets de nouvelles voies navigables, on s’appuie précisément sur « l’exemple de l’Allemagne. » Nous croyons que c’est avec plus de fondement que nos voisins invoquent de leur côté l’exemple de la France.


II

L’étude de la question des voies navigables entraîne forcément celle des relations qui existent entre ces voies et les chemins de fer, lorsque les deux moyens de transport se trouvent en présence.

D’après une théorie assez en faveur dans certains milieux, ces rapports devraient être des plus faciles, grâce à une répartition en quelque sorte naturelle des diverses catégories de

  1. Tarifs différentiels et voies navigables, par M. Ulrich, président de la Direction des chemins de fer de l’État prussien. Berlin, 1894.
  2. De Kauffmann, la Politique française en matière de chemins de fer. Berlin, 1896.
  3. Séance du 13 avril 1899.