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pour le bois (30 pour 100), pour les grains et céréales (25 pour 100), pour le pétrole et l’huile (37 pour 400), pour le sucre et la mélasse (30 pour 100).

Même appréciation d’ailleurs de la part des représentans de la navigation :

« On admet généralement, dit un rapport présenté au cinquième Congrès de Navigation intérieure[1], que les voies navigables sont choisies par des marchandises qui ne peuvent supporter qu’un prix de transport minime et pour lesquelles la rapidité du transport est moins importante, tandis que les chemins de fer sont recherchés par les marchandises qui exigent un transport rapide et qui peuvent supporter des prix de transport élevés. Cette manière de voir ne paraît pas tout à fait fondée… Tout bien considéré, on ne peut pas dire que telles marchandises incombent au chemin de fer et telles autres à la navigation. Ces deux modes de transport peuvent entrer en concurrence pour les marchandises de toute espèce, ce que confirment parfaitement les chiffres cités plus loin[2]. »

Si les représentans des canaux et des chemins de fer sont du même avis sur ce qui précède, ils cessent d’être d’accord sur la question de savoir quel est celui des deux moyens de transport qui fait acte de concurrence. Chacun soutient naturellement qu’il ne fait que se défendre contre les entreprises du rival, et la navigation, par exemple, reproche amèrement aux chemins de fer de l’Etat de faire des tarifs expressément destinés à détourner le trafic acquis aux voies navigables. C’est ainsi que, dans sa séance du 9 avril 1897, l’Union centrale pour le développement de la navigation sur les fleuves et canaux s’élève contre la concurrence toujours croissante faite aux voies navigables par les chemins de fer de l’Etat, qui font « la guerre au couteau » à la navigation.

« A côté de la concurrence qu’on peut appeler naturelle, non

  1. Rapport sur le rôle respectif des chemins de fer et voies navigables, par le docteur Van der Borght, secrétaire de la Chambre de commerce de Cologne.
  2. C’est aussi ce que constate une enquête récente du Comité de la Loire navigable. « L’organisation de la batellerie, la transformation du matériel fluvial, la construction des ports intérieurs et des gares d’eau, ont donné les résultats que l’on pouvait en attendre ; les transports par eau se sont trouvés en état de concurrencer les chemins de fer et de partager avec eux non seulement le transport des marchandises encombrantes, mais encore celui des marchandises de plus grande valeur, telles que les marchandises en caisses. » Enquête sur les voies navigables allemandes, par M. Louis Laffitte.