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comme c’est le cas des canaux projetés par le gouvernement prussien.

Nous pourrions ajouter qu’il en est à peu près ainsi de toutes les voies de navigation qu’on pourrait, à l’heure actuelle, être tenté de créer dans notre vieille Europe. Les cours d’eau naturellement navigables, ou susceptibles de le devenir à peu de frais, sont depuis longtemps utilisés, et on ne peut que s’en applaudir, car cette utilisation est réellement conforme à l’intérêt général. Il était parfaitement, justifié aussi de construire des voies navigables artificielles, lorsqu’on ne connaissait pas encore le chemin de fer. Mais la situation n’est plus la même aujourd’hui, et il suffit, pour s’en rendre compte, de soumettre les voies nouvelles qu’on représente comme les plus nécessaires au critérium de la formule que nous venons de rappeler. Par exemple, sans vouloir entrer en quoi que ce soit dans la discussion du projet soumis actuellement aux Chambres françaises, il suffit de jeter un coup d’œil sur les évaluations de dépenses et de trafic contenues dans l’exposé des motifs de ce projet pour reconnaître qu’aucune des voies qu’il s’agit de créer ne satisfait à la double condition de pouvoir supporter toutes ses charges et d’être le moyen de transport le plus économique sur son parcours.

Ces appréciations ne sont guère d’accord, nous le savons, avec les idées que l’on répand généralement dans le public, où elles ne trouvent que trop facilement créance, toute mesure représentée comme susceptible de réduire le prix des transports étant naturellement considérée comme un bienfait. Mais de telles idées reposent sur un certain nombre d’erreurs et de légendes qui ne résistent pas à un examen sérieux de la question. Nous serons heureux si nous avons pu, pour notre part, contribuer à les dissiper.


ALFRED MANGE.