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le même bonheur, ni avec la même rapidité, que les musées d’Allemagne et d’Angleterre ; enfin que le personnel de nos musées, directeurs, conservateurs, attachés et gardiens, soit ridiculement rétribué, cela, hélas ! apparaît manifeste, et depuis trop longtemps déjà. Insister sur les conditions pénibles où l’Administration des musées est placée vis-à-vis de ses concurrens dans les grandes ventes publiques, souligner encore l’infériorité évidente du département de la peinture au Musée du Louvre en ce qui regarde les primitifs allemands et flamands, l’école espagnole ou l’école anglaise, est-ce bien utile, et qui l’ignore après les vives discussions de ces dernières années, et les rapports annuels présentés au Parlement ? Nous pourrions rappeler que, dans le passé, les Musées nationaux français n’eurent même pas de représentant aux ventes de la galerie San Donato, de la galerie Strozzi, à Florence, de la collection Castellani, à Rome. Et Dieu sait si, en ce temps-là, on eût pu, grâce à quelques crédits bien employés, rapporter une ample et noble moisson de chefs-d’œuvre de la Renaissance italienne ! Aujourd’hui, si nos Musées nationaux s’enrichissent, dans une mesure d’ailleurs modeste, mais à peu près honorable, on ne le doit qu’à la prévoyante sagesse de ceux qui les administrent, des Comités qui fonctionnent bénévolement et avec un dévouement si louable, et enfin aux amis qui se sont ligués autour de nos grands établissemens d’art.


III

Quoi qu’il en soit, tout le monde est d’accord sur ce point que la dotation annuelle des Musées nationaux français est absolument insuffisante. Comment y remédier ? C’est tout le problème. Il est assez ancien pour que nous n’ayons aucune peine à convenir que la solution n’est pas très aisée, si chacun n’y met du sien.

Le Parlement a fait son devoir, quand il a voté la subvention annuelle de 160 000 francs. Peut-être ne lui serait-il pas impossible de porter à 200 000 francs ce chapitre 34 du budget de la Direction des Beaux-Arts, mais les besoins d’une administration qui a consenti tous les sacrifices dans l’intérêt général ne permettent guère de réductions par ailleurs. Il convient donc de ne pas réclamer davantage de l’initiative parlementaire.

Les particuliers, d’autre part, ne connaissent pas suffisamment l’existence de la Caisse des musées. Il est bien certain, en tous cas, que les legs en espèces sont rares ; et cependant les Musées nationaux