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Faire payer une patente aux guides ! Pourquoi pas ? M. Paschal Grousset est donc, dans quelque mesure, partisan des restrictions à la gratuité ?

L’un des auteurs de l’article 51-55, M. Denêcheau, réplique à M. Paschal Grousset :

« A la rigueur, j’accepterais la première critique ; peut-être mon amendement, effectivement, n’est pas tout à fait conforme aux traditions chevaleresques de l’esprit français. Mais vous reconnaîtrez avec moi que, depuis longtemps, nous sommes un peu victimes de cet esprit chevaleresque.

« De plus, les conditions sont changées, les sources d’entretien des musées sont taries. Vous ne pouvez oublier, en effet, que les musées étaient rattachés à la liste civile. Les souverains pouvaient parfaitement, quand des occasions se présentaient, les saisir, et à n’importe quel prix enrichir les musées. Ce n’est plus le cas aujourd’hui ; nous n’avons pas de crédit, nous n’avons plus d’argent. »

Au milieu des interruptions qui animent ce débat, on ne sait trop pourquoi, puisque la politique n’y a point de part, M. Denêcheau poursuit :

« Je ne vise que les étrangers, je ne veux faire payer que ces théories d’étrangers qui, sous la conduite de cicérone polyglottes, envahissent à certaines heures nos musées, au grand désespoir, je dois le dire, de ceux qui veulent y travailler sérieusement et s’y instruire. Il n’est jamais entré dans ma pensée, vous pouvez en être sûrs, de faire payer l’entrée des musées aux artistes, aux négocians, aux fabricans, aux industriels, aux ouvriers et aux enfans de nos écoles, à tous ceux en un mot qui, pour leur profession ou pour leurs études, ont besoin de les fréquenter. Je n’ai jamais songé à cela. Par conséquent, mon impôt n’est pas un impôt antidémocratique. »

Pour ceux-là, M. Denêcheau propose l’entrée gratuite en tout temps, grâce aux cartes que délivrerait l’Administration des Beaux-Arts.

M. Denêcheau terminait ainsi :

« Avant de descendre de cette tribune, voulez-vous me permettre aussi de vous dire que les musées nationaux constituent pour nous un patrimoine national que nous n’avons pas le droit de laisser péricliter ? Nous devons à ceux qui ont amassé avant nous ces trésors, comme à ceux à qui nous les laisserons, de compléter les collections et de les enrichir tous les jours. »

A M. Dujardin-Beaumetz incombait la mission de répliquer à M. Denêcheau. De même que M. Georges Berger, l’honorable député